mercredi 13 décembre 2023

ÉTATS GENERAUX DE LA PRESSE INDEPENDANTE : LES DEBATS EN VIDEO

 Cent médias et organisations ont formulé 59 propositions pour réformer la presse et le système d’information en France. Elles ont été détaillées et débattues lors d’une grande réunion publique, jeudi 30 novembre à Paris, à voir en streaming vidéo. 

 


 

 Toutes les vidéos du programme sont à retrouver ici et là :

 https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/301123/etats-generaux-de-la-presse-independante-les-debats-en-video

 https://www.youtube.com/watch?v=3b2Zt90dS4k

Après deux mois de discussion et les réunions de quatre groupes de travail, les États généraux de la presse indépendante ont soumis mercredi 29 novembre 59 propositions de réforme de la presse et de notre système d’information. Cette initiative, proposée début octobre par le Fonds pour une presse libre, est une réponse aux États généraux de l’information présidentiels, officiellement lancés le 3 octobre par l’Élysée.

Cette démarche officielle nous a inquiétés à plusieurs titres. La méthode politique choisie n’est pas la bonne : nommer une commission dans des conditions obscures, selon des critères inconnus et dans le secret du pouvoir élyséen ne confère aucune légitimité ; formuler un ordre du jour vague parce que terriblement vaste, alors que les urgences s’accumulent depuis des années… ; fixer un calendrier interminable puisque cette initiative présidentielle est censée déboucher sur un rapport (un de plus ?) à l’horizon du mois de juin... Enfin, le pouvoir suprême prétendant réformer « le contre-pouvoir », cela fait sourire ou protester.

Cent médias indépendants et organisations, syndicats de journalistes (SNJ, SNJ-CGT), collectifs de journalistes (Informer n’est pas un délit, Profession pigiste, etc.), associations de défense des droits (Sherpa, Maison des lanceurs d’alerte, etc.), associations de défense de la liberté d’informer (Un Bout des médias, Fonds pour une presse libre, Acrimed, etc.), ont donc décidé de se réunir. Pour construire d’autres états généraux, ceux d’une presse indépendante au service des citoyennes et citoyens.

C’est une initiative rare, exceptionnelle même, tant il ne s’agissait pas pour ces cent participants de mettre seulement leur signature sous un texte, mais de tenter de construire ensemble, malgré leur diversité et leurs désaccords légitimes, une plateforme commune de réformes urgentes et indispensables. Pas pour nous, journalistes. Mais pour l’ensemble de nos publics, pour défendre et renforcer cette liberté fondamentale qui est le droit de savoir de chacune et chacun, celui de connaître toute information qui relève de l’intérêt public.

Une consultation en ligne a été organisée durant trois jours, du 24 au 27 novembre, pour valider ou exprimer des désaccords sur les propositions soumises. Le résultat est là : 59 propositions réunies dans un livret numérique.

Ces propositions ont été détaillées et débattues lors de la grande réunion publique organisée le 30 novembre, à Paris, à voir en streaming vidéo. Cette réunion est suivie d’événements et débats organisés les semaines suivantes en régions, à Lille, Strasbourg, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Clermont-Ferrand ou Vire.


 

 LE PROGRAMME  : 

L’événement est co-animé par Nora Bouazzouni et David Dufresne.

✅ 17h/17h30. Ouverture salle, vidéos. Pourquoi des Etats généraux de la presse indépendante (François Bonnet- FPL). Lancement par Nora Bouazzouni et David Dufresne.

✅ 17h30/17h55. La guerre israélo-palestinienne ou la nécessité d’une information indépendante. Hommage aux 60 journalistes tués. Intervenant.es : Sarra Grira (Orient XXI), Jean-François Corty (MDM), Elias Sanbar (ancien ambassadeur de la Palestine à l’Unesco).

✅ 18h/18h25. Financer la presse indépendante (abonnements, dons, réforme des aides publiques). Quatre exemles : Le Crestois (Laure-Meriem Rouvier), Streetpress (Mathieu Molard), La Déferlante (Marie Barbier), Splann ! (Sylvain Ernault).

✅ 18h30/18h45. Réformer les médias : lecture de 16 de nos propositions par Agnès Rousseau (Politis), Claudine Cordani (Les Cent Plumes), François Bonnet (FPL), Charlotte Clavreul (FPL), Clément Pouré (Profession Pigiste), Romary Daval (Un Bout des Médias) et d’autres.

✅ 18h50/19h15. Débat sur la concentration des médias, le pluralisme, les droits des rédactions. Caroline Fontaine (ex-Paris-Match), Alexandre Buisine (SNJ), Jean-Marie Leforestier (Marsactu), Pauline Perrenot (Acrimed).

✅ 19h20/19h30. Sortir d’une dépendance grandissante des Gafam et plateformes. Tribune de Cécile Dubois (SPIIL).

✅ 19h35/19h55h. Financer les journalistes. Comment lutter contre une précarité grandissante. Témoignages et propositions. Macko Dragan (Le Mouais), Camélia Kheiredine (ex-FTV Slash), Pablo Aiquel (CGT), Malika Burzback (Profession Pigiste)

✅ 20h/20h10. Audrey Vernon, humoriste : "Libérez les médias otages des milliardaires"

✅ 20h15/20h25. Intelligence artificielle, l’éléphant au milieu de la pièce. Tribune Gérald Holubowicz.

✅ 20h30/20h40. Racisme, discriminations, dans le journalisme aussi. Tribune de Rémi-Kenzo Pagès et Christelle Murhula (AJAR).

✅ 20h45/20h55. Le prix de l’indépendance. Tribune Edwy Plenel (Mediapart)

✅ 21h/21h25. Renforcer le droit d’informer. Explication de nos propositions. Jérémie Demey (INPD), Tiphaine Beau de Loménie (Sherpa), Leila Minano (Disclose), Jacques Trentesaux (Médiacités), Grégoire Souchay (Reporterre). Questionné.es par Valentine Oberti (Mediapart).

✅ 21h30/21h40. Le journalisme contre la dictature. Tribune Mortaza Behboudi, notre confrère franco-afghan libéré.

Clôture avec intervention, musique et chorégraphie des Rosies

 

dimanche 12 novembre 2023

SORTIE DE "MÉDIACRITIQUES" N°48

Sortie de Médiacritiques n°48 (automne 2023)

Le Médiacritiques n°48 sortira de l’imprimerie le 26 octobre. À commander dès maintenant sur notre site ou à retrouver bientôt en librairie. Et surtout, abonnez-vous !



Ce numéro ne sera pas plus diffusé en kiosques que les précédents. Vous pourrez cependant le trouver dans quelques rares – mais d’autant plus précieuses – librairies listées ici, ainsi que sur notre boutique en ligne.

Et surtout, abonnez-vous ! Pour cela, rendez-vous sur notre boutique en ligne, ou remplissez le bulletin pdf et renvoyez-nous le avec un chèque. Vous pouvez également nous soutenir en adhérant à l’association ou en faisant un don.


Tous les anciens numéros sont en accès libre ici.

 A LYON, VOUS POUVEZ TROUVER MÉDIACRITIQUES EN VENTE DANS LES LIBRAIRIES SUIVANTES :

Le Bal des Ardents
17 rue Neuve 69001 Lyon

La Gryffe
5 rue Sébastien-Gryfe 69007 Lyon

Terre des Livres
86 rue de Marseille 69007 Lyon

 

lundi 30 octobre 2023

A VOIR SUR LE SITE DE "BLAST" : DÉCRYPTAGES MÉDIATIQUES PAR USUL ET LUMI

 1. Robert Hersant , le pire patron de presse des années 80

Bienvenue dans Rhinocéros, l'émission qui vous informe sur celles et ceux qui vous informent. Dans cet épisode, Usul et Lumi se penchent sur un sacré personnage, Robert Hersant, ancien patron du Figaro. Alors, ce nom vous dit peut-être quelque chose, puisque souvent on a comparé Vincent Bolloré et Robert Hersant. Alain Minc dit même que Bolloré est pire qu'Hersant. 

https://www.youtube.com/watch?v=zyhNeM2H13g




 

 

 

 

 

 

 

2. Affaire Stéphane Plaza : M6 protège ses intérêts 

 Depuis plus de 15 ans, Stéphane Plaza c'est l'agent immobilier sympa d'M6. C'est celui qui aide les proprios qui ont une maison à vendre, dans l'émission "Maison à vendre", ou qui aide les gens qui galèrent à trouver un appartement ou une maison, avec son émission intelligemment nommée "Recherche appartement ou maison". Alors il vend du bonheur en prime time et vous allez voir, tout le monde l'adore. Et puis des fois, il est limite, il est gênant. Le 21 septembre, le site d'information Mediapart révèle que Stéphane Plaza est accusé de violences physiques et psychologiques par au moins trois femmes.

https://www.youtube.com/watch?v=vWanQIeVXqs 


 








 

 

3. Complément d'enquête : Bolloré sort l'artillerie lourde

 https://www.youtube.com/watch?v=q79ofv58FMU


 

 

dimanche 6 août 2023

BOLLORÉ ET "LE JDD " : COMMENT A-T-ON PU EN ARRIVER LÀ ?

 Un article de Laurent Mauduit publié sur le site de MÉDIAPART.

La promotion par Vincent Bolloré de figures de l’extrême droite à la tête des médias qu’il contrôle constitue une accélération majeure du naufrage de la presse française. Mille et une lâchetés, abandons ou complicités accumulées pendant des années permettent aujourd’hui au milliardaire breton d’agir à sa guise.

Laurent Mauduit

23 juillet 2023 à 17h51

L’irruptionL’irruption de Vincent Bolloré dans l’univers des grands médias français constitue à n’en pas douter un tournant majeur dans l’histoire de la presse française. L’opération de prédation conduite depuis quelques années par une poignée de milliardaires sur les grands moyens d’information a changé de nature.

Car si la normalisation économique de la presse, conduite par ces puissances d’argent, s’est souvent prolongée par une normalisation éditoriale, avec un cortège de pressions, de censures ou de manipulations diverses, aucun de ces milliardaires n’avait osé faire ce que Bolloré entreprend aujourd’hui : transformer ses médias en officines de la droite extrême ou de l’extrême droite, et porter à leur tête des figures provenant de ces cercles ultraréactionnaires.

 

La longue grève qui paralyse Le Journal du dimanche (JDD), déclenchée le 22 juin par la rédaction lorsque celle-ci a appris que Vincent Bolloré voulait installer comme directeur Geoffroy Lejeune, jusque-là patron de Valeurs actuelles, invite à se pencher sur une question majeure : comment en est-on arrivés là ? Quelles sont les mille et une lâchetés, abandons ou complicités qui expliquent que la France des médias soit tombée si bas ? Comment le droit de savoir des citoyens et citoyennes, pourtant l’un des rouages majeurs de la démocratie, a-t-il pu ainsi être mis en danger ?

1. Avec Bolloré, un tournant historique

Convenons d’abord que l’irruption de Bolloré dans le paysage des médias constitue bel et bien un tournant dans l’histoire de la presse française. Ce que nous avions connu depuis près de 15 ans, c’était une opération de prédation que l’on pourrait qualifier de classique. Une petite dizaine de milliardaires ont progressivement mis la main sur la quasi-totalité des grands médias français : Bernard Arnault sur Les Échos puis Le Parisien ; Xavier Niel et ses associés sur le groupe Le Monde, puis sur L’Obs, Nice-Matin ou encore les journaux de France-Antilles ; Patrick Drahi sur Libération (aujourd’hui revendu), BFM Business, BFMTV ou encore RMC ; la famille Dassault sur Le Figaro ; Rodolphe Saadé sur La Provence ; Daniel Kretinsky sur Marianne, etc.

Et de cette normalisation économique a découlé une normalisation éditoriale. On en connaît la liste interminable, du licenciement d’Aude Lancelin de L’Obs en 2016 jusqu’au récent et brutal changement de direction aux Échos, en passant par les censures au Parisien : en 2016, ses journalistes n’ont pas pu parler de Merci Patron !, le film de François Ruffin ridiculisant LVMH, propriétaire du journal depuis 2015 ; en octobre 2022, une interview du patron de la CGT Philippe Martinez n’est pas parue ; et la rédaction a encore fait état récemment de pressions éditoriales… Et puis, surtout, cet écosystème mortifère dominé par les puissances d’argent a généré des systèmes d’autocensure parfois généralisée.

Dans ce système de presse d’influence ou de presse de connivence, les logiques d’information ont donc été fortement abîmées, car chacun de ces milliardaires a poursuivi des intérêts qui lui étaient propres, souvent pour plaire au pouvoir politique.

Comme nous l’avions rappelé ici, en rachetant Libération en 2014, Patrick Drahi a répondu aux souhaits du président François Hollande et de son ami Laurent Joffrin qui cherchaient un moyen de recapitaliser le quotidien et de s’assurer qu’il vienne en appui de Hollande dans l’hypothèse d’une nouvelle campagne présidentielle. La famille Dassault, elle, ménage régulièrement le pouvoir en place dans Le Figaro, comme ici en 2014, afin de s’assurer de continuer à s’attacher les services du chef de l’État en VRP de luxe pour vendre ses Rafale.

Mais aucun de ces milliardaires n’avait mis ouvertement les médias dont il avait pris le contrôle au service de thématiques xénophobes ou islamophobes. C’est ce pas-là qu’a franchi Vincent Bolloré : en transformant hier i-Télé en CNews, puis en installant Éric Zemmour comme chroniqueur de la chaîne, et enfin en mettant cette dernière au service de la campagne pour la présidentielle de cette même figure de l’extrême droite ; en plaçant aujourd’hui Geoffroy Lejeune, soutien d’Éric Zemmour, à la tête du JDD.

L’irruption de Bolloré dans le paysage médiatique est adossée à un projet de nature politique qui vise à saper les valeurs républicaines. Elle renvoie à une époque trouble, celle de l’entre-deux-guerres, qui avait vu certains grands médias tomber dans l’escarcelle de l’extrême droite. L’exemple le plus célèbre est évidemment celui du Figaro, racheté en 1922 par François Coty (1874-1934), un homme d’affaires qui a fait fortune dans l’industrie du parfum. Violemment anticommuniste, tout aussi violemment antisémite, François Coty (de son vrai nom, Joseph Marie François Spoturno) enrôle alors le journal qu’il vient d’acheter dans ses campagnes politiques.


Admirateur forcené de Benito Mussolini (1883-1945), qui vient de prendre le pouvoir en Italie, François Coty inonde aussi d’argent l’Action française mais finit par se fâcher avec le mouvement monarchiste. « Faveur éphémère de la fortune, il se trouva qu’un ploutocrate se toqua de nous. C’était le fameux parfumeur Coty, devenu propriétaire du Figaro », racontera Charles Maurras (1868-1952) en 1943 dans La Contre-Révolution spontanée. Le chef de file de l’Action française, Léon Daudet (1867-1942), sera tout aussi ingrat avec celui qui lui a apporté tant d’argent, le traitant de « crétin juché sur un monceau d’or ».

Il faut donc regarder les choses en face – ce que beaucoup de politiques se refusent à faire : le François Coty d’aujourd’hui s’appelle Vincent Bolloré.

C’était précisément avec cette histoire sombre que le Conseil national de la résistance (CNR) avait voulu rompre, en fixant en 1944 dans son programme cette belle ambition, pour tourner la page honteuse de la presse collabo, mais sans doute plus encore, la page tout aussi honteuse de la presse affairiste de l’entre-deux-guerres : « Rétablir la liberté de la presse, son honneur et son indépendance vis-à-vis des puissances financières ».

C’est donc un terrible retour en arrière que connaît aujourd’hui la presse.

2. Les ravages de la privatisation de l’audiovisuel

Si Vincent Bolloré a pu instrumentaliser ses médias pour en faire les chambres d’écho de l’extrême droite, c’est d’abord pour une raison qui renvoie à une histoire longue, à laquelle la droite comme les socialistes ont apporté leur pierre : celle de la privatisation de l’audiovisuel français et de son onde de choc sur le secteur public.

Il faut avoir à l’esprit qu’au regard de la loi du 30 septembre 1986 sur l’audiovisuel, baptisée « loi Léotard », dont les principales dispositions sont toujours en vigueur, les chaînes dont les milliardaires sont les opérateurs ne leur sont concédées qu’à titre temporaire. Elles ne leur appartiennent pas. La concession ne constitue qu’un « mode d’occupation privatif du domaine public de l’État », indique l’article 22.

Or, sans que nul ne s’en offusque, les concessions se sont transformées en appropriation. Le début de cette histoire consternante, c’est la privatisation de TF1, en 1987, qui va tirer vers le bas tout le secteur audiovisuel français. En droit, le groupe Bouygues n’achète en effet à l’époque, pour 3 milliards de francs, qu’une concession lui permettant d’être l’opérateur de TF1 pour dix ans. Trente-cinq ans plus tard, par d’innombrables manigances peu connues, sans jamais qu’un nouvel appel d’offres n’ait été lancé, il est toujours aux commandes de la chaîne, sans avoir jamais déboursé un centime de plus.

Et ce n’est pas la seule disposition de l’appel d’offres qui a été violée. Celui-ci prévoyait aussi la possibilité pour la puissance publique d’annuler la concession, au nom du « mieux-disant culturel ». Or, on sait qu’il s’est agi d’une farce, et les pouvoirs publics, de gauche comme de droite, ont laissé faire.

Le pouvoir, qu’il soit socialiste ou de droite – ou le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), à ses ordres –, avait, avec cette clause du « mieux-disant culturel », le moyen de mettre TF1 au pied du mur : soit la chaîne respecte ses engagements, soit elle s’expose au retrait de sa fréquence. Cette menace ultime n’est jamais brandie et le groupe Bouygues est devenu le véritable propriétaire de la fréquence de TF1, alors que c’était un bien public supposé être inaliénable.

C’est donc cette démission de la puissance publique qui est à l’origine de ce que CNews est devenue : puisque l’État a laissé faire les milliardaires, et leur a fait cadeau des fréquences, même si ce sont des biens publics, pourquoi Vincent Bolloré n’en aurait-il pas profité comme bon lui semble ?

3. La spéculation gagnante de Bolloré sur les fréquences

Non seulement quelques milliardaires se sont approprié des chaînes dont ils ne devaient être que les exploitants à titre provisoire, mais observant l’inertie, sinon la complicité, de l’État, ils se sont mis à spéculer sur les fréquences publiques, revendant, plus-values à la clef, des fréquences qu’ils avaient obtenues de l’État à titre gracieux.

Attribuée gratuitement par le CSA, la chaîne numéro 23 est ainsi revendue en 2015 par l’homme d’affaires Pascal Houzelot 88,5 millions d’euros à NextRadioTV, qui elle-même a par la suite été croquée par Patrick Drahi. Mais Pascal Houzelot, qui a mis ses réseaux au service d’Emmanuel Macron lors de la présidentielle de 2017, et qui siège au conseil de surveillance du Monde, a eu des précurseurs : de richissimes hommes d’affaires français ont pu agrandir leur fortune par le même type d’opération.

Une seule suffit à résumer la folie du système français : celle qui a permis à Vincent Bolloré d’engranger une plus-value exorbitante en spéculant sur la TNT, grâce à laquelle il a pu monter au capital du groupe Vivendi et, par ricochet, devenir le véritable patron de sa filiale, le groupe Canal+.

Quand, à la fin de l’été 2011, Vincent Bolloré cède le contrôle de 60 % des deux chaînes de la TNT qu’il contrôle, Direct Star et Direct 8, il réalise une affaire en or. Direct Star, c’est l’ex-Virgin 17, qu’il a rachetée au groupe Lagardère 70 millions d’euros et qu’il rétrocède à Canal pour près de 130 millions d’euros. Et Direct 8, il l’a obtenue gracieusement, au terme d’une autorisation que le CSA lui a accordée le 23 octobre 2002.


Dans le « deal » que Vincent Bolloré fait avec le groupe Vivendi, les deux chaînes sont valorisées 465 millions d’euros, alors que l’industriel breton n’y a investi guère plus de 200 millions. Grâce à l’État, il fait par conséquent une culbute financière exceptionnelle… d’autant plus importante que Vincent Bolloré est payé en titres Vivendi, à un cours exceptionnellement bas, de 17 euros, du fait de la crise financière, à l’époque encore très violente.

Vincent Bolloré a ainsi fait une culbute presque 50 % au-dessus de ce que l’on pensait à l’époque où il a vendu les deux chaînes de la TNT. Et, dans la foulée, il est devenu l’homme fort du groupe Vivendi (il en devient le président du conseil de surveillance en juin 2014), et par là même aussi, l’homme fort de sa filiale, le groupe Canal+, et de sa sous-filiale i-Télé, bientôt transformée en CNews.

Allez vous étonner ensuite que Vincent Bolloré prenne ses aises : son audace insupportable est le produit de la démission, ou plutôt de la complicité des pouvoirs successifs.

4. L’alerte d’i-Télé que personne n’a voulu entendre

Cette situation est d’autant plus grave que le projet politique de Vincent Bolloré est connu depuis longtemps. Il a construit son empire sur les décombres du capitalisme colonial français, en prenant d’abord d’assaut la banque Rivaud, qui était la banque de la Françafrique en même temps que celle des coups tordus du RPR. Et il n’a jamais caché qu’il défendait des valeurs en empathie avec le groupe qu’il construisait.

Aucun responsable politique ne peut prétendre qu’il ignorait les attaches de Vincent Bolloré avec la droite radicale. Voilà bien longtemps qu’il a tombé le masque, même si beaucoup ont fait mine de ne pas le voir. Se souvient-on par exemple qui le milliardaire porte à la direction de la rédaction d’i-Télé, en septembre 2015, quand il prend le contrôle de la chaîne ? Il s’agit de l’un de ses proches, Guillaume Zeller, petit-fils d’André Zeller (1898-1979), l’un des quatre généraux putschistes de la guerre d’Algérie.

Sur le coup, la nomination fait scandale. Non pas que l’on puisse être tenu pour responsable de son ascendance, mais parce que l’intéressé évoluait lui-même de longue date dans le microcosme des catholiques ultraconservateurs, multipliait les entretiens avec la radio d’extrême droite Radio Courtoisie et avait ses habitudes sur Boulevard Voltaire, le site de Robert Ménard, devenu en 2014 maire de Béziers.

Dans un point de vue publié sur ce site le 10 novembre 2012, Guillaume Zeller dénonçait ainsi « l’imposture du 19 mars », jour anniversaire de la signature, en 1962, des accords d’Évian qui ont marqué la fin de la guerre d’Algérie. Dans un autre billet de blog sur le même site, publié le 4 décembre 2013, sous le titre « Paul Aussaresses aurait pu être un héros national », il chantait les louanges du général, s’appliquant à relativiser les actes de torture dont le militaire s’est rendu coupable pendant la guerre d’Algérie.

Or, à l’époque, personne ne se met en travers de cette nomination. Il y avait pourtant un moyen simple de le faire : que le gouvernement accepte de doter les rédactions d’un statut juridique leur conférant des droits moraux, dont le droit d’approbation ou de révocation de leur direction. Mais, en discussion à l’époque au Parlement, la proposition de loi du socialiste Patrick Bloche sur les médias n’a pas pris en compte cette exigence démocratique qui aurait servi de bouclier à la rédaction d’i-Télé, à l’époque très menacée et conduisant une grève courageuse.

On connaît le triste épilogue d’i-Télé : face au gouvernement socialiste qui n’a pas levé le petit doigt, Bolloré a pu conduire une véritable purge au sein de la chaîne, la rebaptiser ensuite CNews et y installer une ribambelle de chroniqueurs d’extrême droite, dont Éric Zemmour.

L’alerte d’i-Télé n’est pas la seule. Il y a eu aussi celle d’Europe 1, radio que Vincent Bolloré a arrimée en 2021 à CNews, et aussi truffée de chroniqueurs de droite radicale, comme Louis de Raguenel et quelques autres.

C’est exactement la même opération que Bolloré voudrait engager au JDD. Et comme depuis 2015, la loi n’a toujours pas été modifiée, malgré la demande symbolique de ces derniers jours venue de certains parlementaires, le milliardaire peut, à bon droit, l’interpréter comme un feu vert.

5. Le coup de pouce de Hollande en faveur de Bolloré

Emmanuel Macron n’est pas le seul à laisser faire Bolloré. Avant lui, il y a eu François Hollande. Comme nous l’avons déjà raconté, ce dernier a offert un formidable coup de pouce à Vincent Bolloré lors de sa présidence. C’est dans le livre-miroir de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Un président ne devrait pas dire ça… (Stock, 2016), que l’on découvre cette indication. Les deux auteurs rapportent d’abord cette anecdote : « Tout commence au printemps 2014. BeIN Sports, la chaîne qatarie, s’apprête à rafler l’intégralité des droits de la Ligue 1 de football. Canal+, dont c’est l’un des principaux produits d’appel, est en danger de mort. Or Vincent Bolloré, dont l’amitié avec Nicolas Sarkozy est notoire, vient de faire main basse sur la chaîne cryptée, via Vivendi. En avril 2014, Hollande reçoit, en secret, Rodolphe Belmer et Bertrand Meheut, les patrons de Canal+, venus exposer leurs craintes. Le président va se démener. »

Les deux auteurs cèdent alors la parole à François Hollande : « On a sauvé Canal, nous confie-t-il alors. J’ai reçu discrètement Belmer et Meheut. J’ai appelé l’émir du Qatar, je lui ai dit : [...] “Je souhaite qu’il y ait un partage.” »

Dans ces propos sidérants, il y avait en fait deux scandales en un. D’abord, cela suggérait que l’appel d’offres de la Ligue pour les droits TV de Ligue 1 de football pour la période 2016-2020 aurait pu avoir été biaisé, à l’initiative même du chef de l’État. Avec en bout de course un partage des droits entre la chaîne qatarie et Canal+, et de moindres recettes pour la Ligue de football professionnel (LFP). Mais dans ce scandale, il y en avait un autre en amont : visiblement, si François Hollande a dérogé à toutes les obligations d’impartialité de sa charge, c’était pour venir en appui de Vincent Bolloré qui, au même moment, prenait le contrôle de Vivendi et, bientôt, de Canal+ et d’i-Télé.

Le comportement de François Hollande est venu confirmer le système de consanguinité qui fonctionne depuis si longtemps entre les sommets de l’État et les propriétaires des médias, et qui fait tellement de mal à la presse. On a d’ailleurs eu assez vite une confirmation de ce système. Quand les journalistes d’i-Télé se sont rebellés contre la mainmise de Vincent Bolloré et ont engagé une grève longue et courageuse, le gouvernement de l’époque n’a rien fait pour défendre cette rédaction. Le pouvoir socialiste a laissé le milliardaire conduire la purge qu’il souhaitait organiser, sans laquelle CNews ne serait peut-être jamais devenue la chaîne qu’elle est désormais.

6. Une complicité généralisée

Encore faut-il bien préciser que le pouvoir socialiste est loin d’être seul responsable. Avant François Hollande, il y a eu Nicolas Sarkozy, qui était ami avec Vincent Bolloré et qui l’a aidé autant qu’il a pu. Et Emmanuel Macron a poursuivi cette invraisemblable saga d’un pouvoir perpétuellement aux ordres des cercles d’affaires, aussi peu républicains soient-ils. On sait ainsi que le chef de l’État a des relations de proximité avec Cyril Hanouna, l’animateur fétiche de Bolloré : « Il me demande les tendances », a un jour confié ce dernier, parlant de Macron. « On échange par SMS tous les jours », a de son côté révélé Marlène Schiappa, qui vient de quitter le gouvernement.

Même s’il y a dans cette sortie beaucoup de démagogie de bas étage, beaucoup de vulgarité, cela donne le climat délétère du moment : c’est la télé d’extrême droite qui mène actuellement la danse du débat public. La socialiste Ségolène Royal, ex-candidate à la présidence de la République, vient, elle-même, de céder aux sirènes de la télé-trash en annonçant qu’elle allait rejoindre à l’automne la bande des chroniqueurs de Cyril Hanouna sur C8.

7. Une régulation totalement défaillante

Au nombre des raisons qui expliquent ce naufrage démocratique, il faut encore citer l’invraisemblable défaillance de la régulation audiovisuelle. Et CNews en est, là encore, un cas d’école. Comment la chaîne a-t-elle pu devenir l’outil de propagande de l’extrême droite sans que le gendarme du secteur audiovisuel ne se mette en travers ? Comment, sur C8, Cyril Hanouna, dans son émission « Touche pas à mon poste », a-t-il pu consacrer lors de la dernière campagne présidentielle 40,3 % de temps d’antenne cumulé à Éric Zemmour, très loin devant les autres candidats à la présidentielle, comme l’a établi Claire Sécail ?

Lors son audition le 19 janvier 2022 par la commission d’enquête sénatoriale sur la concentration des médias, Vincent Bolloré a réfuté l’idée que son groupe cherchait à promouvoir une « chaîne d’opinion ». L’enquête de la chercheuse du CNRS ruine cette fragile défense.

Or, ce faisant, CNews viole la loi en même temps que son cahier des charges. Car la loi du 30 septembre 1986 fixe des obligations de pluralisme à tous les opérateurs qui obtiennent des fréquences publiques , leur demander de s’assurer « du caractère pluraliste de l’expression des courants de pensée et d’opinion ». On mesure les libertés que CNews prend avec son obligation de respect du pluralisme, sans que le gendarme de l’audiovisuel n’intervienne. Lequel gendarme n’a infligé que 200 000 euros d’amende à la chaîne lors de l’un des plus graves dérapages d’Éric Zemmour.

8. Les dérives du service public

On aurait pu espérer au cours de ces trente-cinq dernières années que le service public fasse au moins office de sanctuaire et que les journalistes qui y travaillent soient à l’abri des pressions du privé, comme de la montée en puissance de ces télés bavardes qui noient l’information dans un blabla général favorisant les opinions, jusqu’aux plus rances.

Erreur ! Dans un univers audiovisuel sans frontières, avec des chroniqueurs travaillant alternativement pour le public et pour le privé, et souvent pour les deux en même temps, une porosité généralisée s’est instaurée. Le service public a lui-même contribué à la banalisation des idées d’extrême droite, sans que nul ne s’en offusque.

Il en existe une preuve ancienne et bien connue : c’est dans l’émission phare de Laurent Ruquier « On n’est pas couché », sur France 2, qu’Éric Zemmour a acquis une bonne partie de sa triste notoriété. Et même quand il a connu sa première condamnation pour incitation à la haine raciale en février 2011, la télévision publique a continué de l’accueillir comme chroniqueur pendant quelques mois, puis à le faire venir comme invité. Et bien avant qu’il ne se déclare candidat, il a également été régulièrement invité par la matinale de France Inter, comme s’il était un intellectuel comme un autre.

De cet affaissement du service public et de ses missions, il existe un autre indice : l’ entretien de Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des programmes et des antennes de France Télévisions, au Figaro en février 2022. Le jeune cadre, qui a participé aux manigances dans les coulisses du pouvoir pour aider Delphine Ernotte à prendre la présidence du groupe public, fixait ce cap pour France Télévisions : « France Télévisions jouera pleinement son rôle dans l’exposition du débat démocratique. Cela veut dire être attentif, afin que toutes les opinions soient représentées à l’antenne. Nous devons nous adresser aux gens qui votent Emmanuel Macron, aussi bien que Valérie Pécresse, Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Yannick Jadot… [...] Toutes les opinions doivent y être valorisées de la même manière et bénéficier du même temps d’expression. »

Stéphane Sitbon-Gomez, qui auparavant avait été le proche collaborateur de Cécile Duflot du temps où elle était ministre du logement, avait aussi confirmé au journal que France Télévisions pourrait confier à Mathieu Bock-Côté, l’essayiste québécois d’extrême droite qui a remplacé Éric Zemmour sur CNews, la production d’un documentaire sur la présidentielle. Un projet finalement abandonné, mais qui reste révélateur du climat dans lequel travaille la direction du groupe public.

C’est une conception radicalement dévoyée du pluralisme que défendait ce responsable, que l’on pourrait résumer par cette formule polémique empruntée à Jean-Luc Godard, mais qui dit bien sur quelle pente dangereuse s’engage France Télévisions : « L’objectivité, c’est cinq minutes pour Hitler, cinq minutes pour les juifs. »

9. Le coup des états généraux de l’information

Si l’on se replonge dans le passé pour comprendre comment Bolloré a eu les mains libres pour faire ce qu’il fait, un autre rappel vient immanquablement à l’esprit : périodiquement, comme pour donner le change, l’Élysée, sous différentes présidences, aime exhumer l’idée d’états généraux de l’information ou de la presse. Ce fut le cas sous la présidence de François Hollande ; et c’est de nouveau le cas sous celle d’Emmanuel Macron.

Sans préjuger de la position que Mediapart prendra face à ces nouveaux états généraux – que l’auteur de ces lignes ne saurait engager –, deux évidences s’imposent.

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D’abord, la nouvelle offensive de Vincent Bolloré exige une réponse urgente. Car le milliardaire compte sur l’épuisement de la rédaction du JDD, qui mène une grève longue et difficile – comme il a compté sur l’épuisement des journalistes d’i-Télé. Or, selon le communiqué de l’Élysée, les travaux des nouveaux états généraux « débuteront en septembre prochain, et [...] devront remettre leurs conclusions d’ici l’été 2024 ». Autant dire que si l’on s’en tient à ce calendrier, et si rien n’est fait dans l’intervalle pour contrecarrer la gravissime offensive de Bolloré, les journalistes du JDD connaîtront malheureusement le même sort que celui de leurs confrères d’i-Télé : ils seront mis à genou ou chassés de leur journal.

Et puis, si le passé donne des clefs pour comprendre le présent, sans doute faut-il rappeler que les précédents états généraux s’étaient déroulés dans de bien opaques conditions. Dans un billet de blog et dans un article, François Bonnet, qui était alors le directeur éditorial de Mediapart (il préside aujourd’hui le Fonds pour une presse libre), avait expliqué pourquoi Mediapart avait quitté les états généraux 17 minutes après le début de la tenue de l’une des quatre commissions, après avoir constaté qu’aucune des conditions minimales n’était remplie : pas de publicité des débats, sous-représentation des journalistes, absence des lecteurs et des blogueurs, et un flou procédural laissant libre cours aux influences et petits arrangements.

C’est dire, dans tous les cas de figure, que la défense de la liberté de la presse – et dans l’immédiat la défense sans condition de l’indépendance de la rédaction du JDD, que l’on aime ou pas ce journal – appelle des mesures d’une très grande urgence. Il n’y a pas de tâche plus impérieuse que de « rétablir la liberté de la presse, son honneur et son indépendance ».

Laurent Mauduit

lundi 22 mai 2023

APPEL À DONS : POUR UNE CRITIQUE ET UNE TRANSFORMATION DES MÉDIAS

Pour continuer à critiquer les médias et à porter des propositions visant à les transformer, nous faisons, comme chaque printemps, appel à vous.

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jeudi 11 mai 2023

"CQFD" LE MENSUEL INDÉPENDANT DE CRITIQUE ET D'EXPÉRIMENTATIONS SOCIALES, FÊTE SES 20 ANS !!

CQFD monte à la capitale (ou presque) ! Le plus marseillais des journaux hexagonaux décentralise la décentralisation et envahit, le temps d’une journée, la Parole errante à Montreuil. On y célébrera les 20 ans d’existence du canard rebelle avec d’excitantes rencontres et une belle bringue comme on les aime ! 


 

CQFD a 20 ans ! Le numéro 0 du journal au Chien rouge est en effet paru en avril 2003, le numéro 1 le mois suivant… Un média indépendant qui tient deux décennies, qui plus est sur papier et toujours en kiosque, ce n’est pas si courant et on s’est dit que cela méritait d’être célébré. Pour l’occasion, le mensuel marseillo-mondial quitte sa ville d’origine : après une virée à Brest pour son 15e anniversaire, CQFD investit ce coup-ci la Parole errante à Montreuil le temps d’une journée (et d’une soirée) !

 
Affiche signée Étienne Savoye.

Tout l’après-midi : discussions, ateliers, stands, expos…

Avec (entre autres) la librairie Quilombo, les éditions Libertalia et La Lenteur, les revues La Disparition et Jef Klak ou encore Acrimed. Et une jolie ribambelle de contributeurs du journal, écrivains et illustrateurs.

Le programme sera complété ici au fur et à mesure.

Le soir, place au live !

René Binamé (anarcho punk)
aredje.net/rene-biname

Les Vulves assassines (punk rap de l’espace)
vulvesassassines.fr

Samedi 20 mai, ouverture des portes à 14h
La Parole errante – 9 rue François Debergue, Montreuil [plan]
Participation libre (mais nécessaire), bar et bouffe sur place

vendredi 28 avril 2023

PROJECTION DÉBAT ATTAC / LES AMIS DU MONDE DIPLOMATIQUE DE LYON : "LA FABRIQUE DES PANDÉMIES"

  

Attac et les Amis du Monde Diplomatique vous proposent le film:
 

  "La fabrique des pandémies" (2022) de Marie-Monique ROBIN
        
le mardi 9 mai à 20h au cinéma Mourguet
               en présence de la réalisatrice

Depuis les années 2000, des centaines de scientifiques dans le monde tirent la sonnette d'alarme. En précipitant la destruction des écosystèmes, les activités humaines menacent la santé planétaire.
"L'envoyée spéciale" de M.M. ROBIN, l'actrice Juliette BINOCHE interroge des chercheurs du monde entier : Comment certains animaux nous transmettent-ils des maladies qui peuvent entrainer de nouvelles pandémies comme Ebola ou la Covid-19?
Ils expliquent, de manière très pédagogue, preuves à l'appui, comment leurs recherches les ont conduits vers l'étude de l'effondrement de la biodiversité.
Peut on espérer lutter contre les pandémies et conserver un modèle économique délétère pour les écosystèmes ?



mercredi 29 mars 2023

MÉDIACITÉS : Soutenez un média d’investigation indépendant !

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jeudi 23 mars 2023

UNE CHRONIQUE DÉCAPANTE DE SAMUEL GONTHIER : "UNE INTERVIEW D'EMMANUEL MACRON AUX PETITS OIGNONS"

 

CHRONIQUE “MA VIE AU POSTE” − Questions convenues, absence de contradiction et partis pris en faveur de “Français” qui seraient excédés par le mouvement social… Dans les 13 heures de TF1 et de France 2, face à Marie-Sophie Lacarrau et Julian Bugier, c’est peu dire qu’Emmanuel Macron n’a pas été mis en difficulté. France 2 a même confié l’analyse de son intervention à quatre partisans de la réforme des retraites.

Par Samuel Gontier


 

Pascale de La Tour du Pin appelle une envoyée spéciale sur le marché du Bourget : « Qu’attend-on de la prise de parole d’Emmanuel Macron ? — Pas d’intérêt, pas d’attente, pas d’espoir. » Je suis au comble de l’excitation. « On a beaucoup de mal à trouver des gens qui vont se mettre devant leur télévision à 13 heures. » Normal, on est en Seine-Saint-Denis et le président a choisi de parler à 13 heures pour s’adresser aux provinciaux qui, c’est connu, déjeunent tous devant les JT de TF1 et France 2. La reportrice interroge un poissonnier : « Vous allez écouter le président de la République ? — Non, pas du tout. — Pourquoi ? — Parce que ça m’intéresse pas. De toute façon, il va rien dire. » Ce poissonnier a la même capacité d’analyse qu’Amandine Atalaya, il pourrait être éditorialiste sur BFMTV – il y gagnerait en termes de pénibilité. « Vous pensez que cette interview ne changera rien ? — Ah non, ça changera rien. — Vous pensez qu’il va réussir à calmer la colère sociale ? — Non, non. — Il faudrait faire quoi ? — Qu’il enlève cette réforme. » Et puis quoi encore ? Qu’il démissionne ?

 

 

La présentatrice appelle un autre envoyé spécial : « Au dépôt de poubelles d’Issy-les-Moulineaux, qu’attend-on de la parole d’Emmanuel Macron ? — Strictement rien. C’est ce que nous ont expliqué les délégués CGT et FO. » Ça s’annonce palpitant. J’en veux déjà à mes chefs qui, lors de la réunion du matin, m’ont pressé de regarder cette interview pour rien. Ils veulent vraiment que je commente du vide ?

Heureusement, pour remplir le vide, je peux compter sur Nathalie Saint-Cricq. Juste avant que démarre l’interview, Nathanaël de Rincquesen invite l’éditorialiste de France 2 à décrypter « une phrase d’Emmanuel Macron prononcée hier : “La foule n’a pas de légitimité face au peuple qui s’exprime à travers ses élus.” L’idée, c’est de dire que, confronté aux images qu’on voit, des feux, des poubelles qui brûlent, des gens qui agressent les policiers, il considère que c’est la foule, une espèce de magma indifférencié ». Une espèce d’atroce magma séditieux antiflics. « Des gens dont il considère qu’ils veulent semer la discorde dans le pays. » Alors que lui s’emploie à établir la concorde. « Il oppose ça à l’idée de peuple qui serait tous les Français bien propres, qui se tiennent bien et qui eux s’exprimeraient par le biais de leurs représentants. » Et de leurs éditorialistes bien propres. « Donc il discrédite le mouvement pour rassurer les Français. » Le mouvement social n’est pas animé par des Français mais par un magma indifférencié de nationalité indéterminée.

 

 

« Cette phrase est-elle adaptée à la situation ?, demande le présentateur. — Oui, répond Nathalie Saint-Cricq. Elle est adaptée à la situation quand on veut justifier ce qu’on fait, qu’il n’y a aucune raison de considérer que cette loi sur les retraites ne doit pas passer. S’il disait le contraire, ce serait la porte ouverte à tous les dérapages. » Au magma des pyromanes agresseurs de policiers.

L’interview démarre, Marie-Sophie Lacarrau, de TF1, a le privilège de poser la « première question : est-ce que ce texte [de la réforme des retraites] entrera en application au 1er septembre ? — Ce texte va poursuivre son chemin démocratique ». Grâce à la foule des élus bien propres. « On va parler de la crise sociale », enchaîne Julian Bugier. Il l’interroge sur sa phrase, « la foule n’a pas de légitimité », l’écoute attentivement non sans faire preuve d’un cinglant sens de la repartie : « Ouais », « oui », « ouais », « oui », « hum », assène-t-il en hochant la tête en signe d’approbation.

 

 

Comme promis, le président joue l’apaisement : « Des groupes utilisent l’extrême violence, sans règle… Quand les États-Unis ont vécu ce qu’ils ont vécu au Capitole, quand le Brésil a vécu ce qu’il a vécu… On ne peut accepter ni les factieux ni les factions. » Tous ces suprémacistes d’extrême droite qui chaque soir prennent d’assaut l’Assemblée et l’Élysée… Les intervieweurs ne tiquent pas, Marie-Sophie Lacarrau se contente de préciser : « Vous faites référence aux débordements. » Des putschistes de l’ultradroite.

 

 

Le président s’auto-interroge, c’est plus pratique. « Est-ce que vous pensez que ça me fait plaisir de faire cette réforme ? — Dites-le nous. — Non. Ça ne me fait pas plaisir, j’aurais voulu ne pas la faire. » Pauvre président, obligé de faire une réforme contre son gré. Pour la justifier, il sort un carton dissimulé sur ses genoux : « Regardez, vos collègues du Parisien avaient fait cette petite infographie. » Miracle de la télévision, l’infographie apparaît illico plein écran.

 

 

« Regardez, tous les autres pays d’Europe sont entre 65 et 67 ans. » Je le reconnais, ce graphique : c’est celui que toutes les chaînes n’ont cessé de brandir depuis deux mois. Celui qui indique seulement l’âge de départ mais ne précise pas la durée de cotisation (souvent inférieure à 43 ans), qui omet de mentionner l’existence retraite par capitalisation dans la plupart de ces pays, qui fait l’impasse sur des taux de pauvreté des retraités bien supérieur à celui des Français.

Marie-Sophie Lacarrau demande : « On entend vos arguments mais pourquoi vous n’avez pas été compris ? » Parce que les Français sont trop cons ? « La pédagogie, vous la faites depuis le début », rappelle Julian Bugier, rejoint par Marie-Sophie Lacarrau : « Vous pensez l’avoir mal expliquée [la réforme] ? » C’est bien un problème de pédagogie. « Vous n’avez commis aucune erreur ? — De ne pas avoir réussi à convaincre, répond le président. Il y a une tendance dans nos démocraties à vouloir s’abstraire du principe de réalité. » C’est confirmé, les Français sont trop cons, ils ne veulent pas admettre la réalité.

 

 

« Voilà pour la pédagogie, conclut Julian Bugier. Est-ce que vous craignez un embrasement ? Les Français subissent les ordures qui s’amoncellent, les stations essence avec des queues, les blocages. » Pauvres Français pris en otages par les grévistes – qui, rappelons-le, ne sont pas Français. « Les violences, il faut les condamner, insiste le président. Je l’ai dit, les factieux et les factions…  » Les suprémacistes blancs, les trumpistes, les néonazis, les bolsonaristes, etc. Marie-Sophie Lacarrau s’impatiente : « À quand un retour à la normale, un retour à l’ordre ? » Il fait quoi, Darmanin ? Il est temps d’intensifier les violences policières et les interpellations arbitraires, pardon, les « arrestations préventives », comme on dit sur BFMTV. « Les Français commencent à se lasser. » Ça va, on a compris, les opposants à la réforme ne sont pas Français. Le président déplore : « Il y a des Français qui ne contestent pas la réforme mais qui disent : “Nous, on veut plus travailler du tout.” » Bande de feignasses, en plus d’être idiots.

 

 

Emmanuel Macron pavoise : « Jamais les smicards n’ont autant vu leur pouvoir d’achat augmenter. » Ce qui est absolument faux si l’on compare l’augmentation de leur salaire à celle de l’inflation. Mais Julian Bugier préfère compatir : « Pourquoi les Français ne perçoivent pas les réussites que vous énumérez ? » Les Français sont vraiment très cons. « Est-ce que vous avez le sentiment d’avoir raté quelque chose ? », demande Julian Bugier, devançant les éléments de langage du président : « Vous dites qu’à part vous, les autres proposent rien. » Ils sont trop nuls.

 

 

L’interview est terminée. Pour la « décrypter », France 2 convie Nathalie Saint-Cricq et Dominique Seux, deux groupies du président et de sa réforme. Un premier constat s’impose : « Il a semblé tendre la main aux syndicats. » Dans les rêves des éditorialistes. Pour compléter le panel, France 2 fait appel au dirigeant d’un syndicat de patrons, François Asselin, partisan de la réforme. Après quoi « nous retrouvons un patron, un restaurateur favorable à cette réforme… Directement concerné parce qu’il y a des poubelles qui s’accumulent devant son établissement ». Les travailleurs qui devront travailler deux ans de plus ne sont pas concernés si les poubelles ne s’accumulent pas devant chez eux. Le restaurateur : « Y a énormément de poubelles, y a des violences, y a du feu. » Allumé par les factieux des factions.

 

 

Retour à Nathalie Saint-Cricq : « Ce qui va être intéressant, c’est de voir si l’opinion croit en cette réforme, croit qu’elle était nécessaire, douloureuse mais absolument impossible à éviter…  » De voir si des millions de manifestants vont défiler en faveur de la réforme. « … S’ils sont convaincus des avancées qu’on va faire. » « On » ? Nathalie Saint-Cricq s’inclut dans le gouvernement ? « Y avait pas de mea culpa, le président était offensif. Probablement que la main tendue aux syndicats risque d’être sans effet. » Ils ont la frousse de la main tendue offensive.

 

Pour entendre un autre point de vue, je zappe sur BFMTV. « Le choc démographique, il est là, alerte Roselyne Bachelot. Le président a eu raison de les répéter, les chiffres sont parlants et ils sont même optimistes. Ça a été très peu pris en compte dans les prospectives, je parle en tant que docteure en pharmacie, il y a dans les cartons de l’industrie pharmaceutique et des chercheurs des révolutions absolument bouleversifiantes qui vont augmenter l’espérance de vie. » Ajoutez les exosquelettes dont sont équipés les couvreurs, c’est à 164 ans qu’il faudrait fixer l’âge de départ à la retraite.

lundi 20 mars 2023

24 MARS : PROJECTION-DÉBAT : "LA TRÈS GRANDE ÉVASION" DE YANNICK KERGOAT

Le vendredi 24 mars à 20 heures, au Ciné Toboggan, 14, avenue Jean Macé, 69150 Décines-Charpieu, projection du film La (Très) grande évasion suivie d’un débat en présence du réalisateur Yannick Kergoat ("Les nouveaux chiens de garde")

Dans le cadre du festival du film documentaire « Les écrans du Doc » au Ciné Toboggan de Décines (du 21 au 26 mars)

Entrée payante aux tarifs habituellement pratiqués par le Ciné Toboggan.

Contact : Catherine Chauvin
catherine.chauvin@wanadoo.fr

Bande-annonce : https://www.amis.monde-diplomatique.fr/La-Tres-grande-evasion-7965.html

Le capitalisme est-il devenu incontrôlable ? De révélations en scandales successifs, l’évasion fiscale est devenue un marronnier médiatique et l’objet d’un concours de déclarations vertueuses pour les politiques. Alors que les multinationales et les plus riches ont de moins en moins de scrupules et de plus en plus de moyens à leur disposition pour échapper à l’impôt, pour nous, simple citoyen, les politiques d’austérité s’intensifient et les inégalités explosent. On voudrait nous faire croire que les mécanismes de l’évasion fiscale sont incompréhensibles et qu’elle est impossible à endiguer… Il ne nous reste alors que nos bulletins de vote, notre déclinant pouvoir d’achat et nos yeux pour pleurer. À moins que l’on puisse en rire malgré tout.




dimanche 19 mars 2023

TABLE RONDE SUR LE TRAITEMENT MÉDIATIQUE DES VIOLENCES SEXISTES ET SEXUELLES AVEC "RUE 89 LYON"

 

Dernière minute :
Alors que la mobilisation contre la réforme des retraites bat son plein à Lyon, Rue89Lyon a décidé de reporter à une date ulérieure sa table ronde sur les violences sexistes et sexuelles, prévue le mardi 28 mars.

Venez débattre du traitement médiatique des violences sexistes et sexuelles avec Rue89Lyon

Mardi 28 mars, Rue89Lyon organise une table ronde sur le traitement médiatique des violences sexistes et sexuelles. Elle aura lieu à Sciences Po Lyon (Lyon 7e), en présence de deux chercheuses lyonnaises et d’une journaliste de Mediapart.
Ces dernières années, Rue89Lyon a révélé – et suivi – plusieurs affaires de violences sexistes et sexuelles. En septembre 2021, nous révélions le harcèlement sexuel qu’aurait fait subir un professeur de cinéma reconnu de l’université Lyon 2 à ses étudiantes, et ce pendant des années.

Quelques mois plus tard, nous enchaînions avec une autre affaire de violences sexuelles, toujours dans cette même université. Cette fois-ci, c’est le doyen de la fac de droit qui est impliqué, accusé d’agressions sexuelles par une étudiante.

Depuis, Rue89Lyon suit l’évolution de ces deux affaires de violences sexistes et sexuelles, qui sont désormais entre les mains de la justice – et du Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER) pour l’une d’elles. Après avoir été interdit d’enseigner pendant un an, le professeur de cinéma de l’université Lyon 2 accusé de harcèlement sexuel doit reprendre les cours mi-avril.

Dans le sillage du mouvement #MeToo, de nombreuses personnes ont témoigné des violences sexistes et sexuelles subies au cours de leur vie, dans leur famille, leur couple, dans la rue ou au travail. Trop souvent, ces violences sexistes et sexuelles sont mal traitées par les médias. Résumées à quelques lignes sous un titre au mieux maladroit, au pire délétère pour la ou les victimes.

À Rue89Lyon, nous sommes convaincu·es que ces violences doivent être analysées, relayées et dénoncées sur la place publique. Qu’elles sont révélatrices d’un système global, qui tend à les invisibiliser et à les banaliser. Enquêter sur ces affaires n’est pas chose aisée. Cela implique de prendre le temps d’écouter les victimes, de remonter le fil de leurs récits, d’examiner des preuves parfois pénibles à voir et de poser des questions dures.

À Rue89Lyon, nous pensons que le traitement médiatique des violences sexistes et sexuelles est un sujet qui doit être mis au centre des débats actuels. Comment en parler ? Et quel intérêt de médiatiser ces histoires ? Venez en discuter avec nous le 28 mars, à 18h30, dans le Grand Amphi de Sciences Po Lyon.

Avec :

  • Isabelle Garcin-Marrou, professeure des universités en sciences de l’information et de la communication, qui travaille sur les représentations médiatiques des violences, des territoires et du genre.
  • Sarah Brethes, journalise au pôle Enquêtes de Mediapart.
  • Aurélie Olivesi, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication, qui travaille sur l’analyse du discours médiatique au prisme du genre.

La table ronde sera animée par Oriane Mollaret, journaliste à Rue89Lyon.

Pour réserver ses places, c'est ici : 


mardi 14 mars 2023

Rencontre-débat avec Pauline Perrenot (acrimed) pour son livre "Les médias contre la gauche (éditions Agone)

 

Rendez-vous le vendredi 17 mars à l'occasion de la parution aux éditions Agone du nouvel essai de la journaliste Pauline Perrenot, Les Médias contre la gauche.

Rencontre et débat à partir de 19h00, co animés par l'équipe éditoriale des éditions Agone.
Cet essai est le procès d’une absence, celle de la gauche, reléguée au second plan de l'information médiatique. L’autrice analyse la façon dont le débat public a été verrouillé par les médias dominants, qui ont reboublé d’efforts pour bipolariser les champs politique et journalistique autour des figures d’Emmanuel Macron, de Marine Le Pen et de leurs thématiques sécuritaires et économiques.
Basé sur une documentation précise, l'ouvrage retrace l’effondrement intellectuel du "journalisme politique", qui a perdu tant en substance qu’en consistance, laissant le storytelling remplacer l’information. L’autrice aborde notamment le traitement des différents projets de réformes par les chefs-lieux éditoriaux, souvent transformés en SAV du gouvernement...
S’appuyant sur l’émergence de la com’ comme cadre politique et journalistique, Pauline Perrenot (Acrimed) dévoile le monopole absolu de la pensée libérale dans les médias et l’imbrication de la profession avec le monde patronal.

  

Un (nouveau) livre d’Acrimed : Les médias contre la gauche

Les médias contre la gauche, de Pauline Perrenot (Acrimed), paraît le 17 mars aux éditions Agone. Vous pouvez le précommander dès maintenant sur notre boutique en ligne.


 

« Service après-vente zélé des politiques gouvernementales et consécration enthousiaste du grand "réformateur" ; banalisation des thèses de l’extrême droite et légitimation de ses représentants ; mutilation permanente du débat socio-économique ; journalisme de préfecture applaudissant la répression des mouvements sociaux et promouvant le durcissement de l’autorité de l’État ; tirs de barrage constants contre la gauche dans toutes ses composantes et, en particulier, contre ses franges les moins solubles dans le réformisme. » Revenant sur certains des épisodes médiatiques les plus emblématiques des cinq dernières années, ce livre, qui s’appuie sur le travail d’observation et d’analyse réalisé par Acrimed, est le produit d’un engagement collectif.

Il donne à voir à quel point les médias dominants, en situation d’interdépendance étroite à l’égard des pouvoirs politique et économique, contribuent à mutiler le pluralisme et le débat démocratique. Dirigés et contrôlés par des chefferies éditoriales sociologiquement solidaires des intérêts et des points de vue des classes dirigeantes, ces médias jouent un rôle actif dans l’histoire sans fin de la droitisation du débat public depuis quarante ans. Un processus qui s’est encore accéléré au cours du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, en même temps que se dégradaient les conditions d’expression et d’existence médiatique de la gauche.