mardi 30 octobre 2018

Journée lyonnaise de la critique des médias : Acte 2


A l'occasion de notre seconde journée lyonnaise de la critique des médias - qui aura lieu le 17 novembre prochain (cf. programme ci-dessous) - , nous avons voulu donner un avant goût du thème qu'on a choisi cette année : « Pour des médias (vraiment) au service des publics » en donnant la parole à un média récent sur Lyon et qui défend une conception exigeante de l'information... qu'on finirait par penser improbable dans le paysage médiatique actuel.
On remercie Nicolas Barriquand, qui sera présent à notre journée, de nous présenter le projet éditorial et le modèle économique de Mediacités, en espérant que cela aiguise votre envie de venir échanger et débattre avec lui, et d'autres encore, sur l'information que nous voudrions pour demain.


Acrimed 69 : Médiacités existe depuis combien de temps et qui en sont les membres fondateurs ?

Nicolas Barriquand : Mediacités a été créé à l’automne 2016 et le journal a été mis en ligne le 1er décembre 2016. D’abord à Lille. Nous avons ouvert les déclinaisons Mediacités Lyon et Mediacités Toulouse en mai 2017, et Mediacités Nantes en septembre 2017.
Les sept membres fondateurs de Mediacités sont des journalistes, issus pour la plupart des rédactions de L’Express et de L’Expansion et plus particulièrement du service « régions » de L’Express. Nous avons quitté ce titre après son rachat par le milliardaire Patrick Drahi (SFR). 

Qu'est-ce qui vous a amené à penser ce projet possible et avec quels moyens (financiers et humains) est-il possible de lancer un « pure player » comme le vôtre aujourd'hui ?

Le projet de Mediacités est né d’un constat ou plutôt d’un triple constat : 1/ La presse nationale est trop parisienne à notre goût et se désintéresse trop souvent des enjeux locaux. 2/ La presse locale consacre trop peu de moyens à enquêter sur les pouvoirs locaux, à jouer son rôle de contre-pouvoir. 3/ Depuis une trentaine d’années, avec les lois de décentralisation et l’évolution géographique et démographique, les grandes villes en France se sont « métropolisées », concentrant toujours plus de pouvoirs (politiques, économiques, etc.). Face à cette mutation, le paysage médiatique local a assez peu évolué avec dans de nombreux territoires un quotidien régional dominant sans concurrence, qui devient de fait une institution, un pouvoir local. Or, nous pensons que le pluralisme dans la presse est essentiel à la bonne santé de notre démocratie. Au niveau national comme local.
Pour les moyens : nous avons amorcé la pompe en réinvestissant dans le projet nos primes de licenciements après le plan social opéré par Patrick Drahi à L’Express. Nous avons ensuite mené une campagne de financement participatif pour ouvrir les 2e, 3e et 4e déclinaisons de Mediacités. Puis enfin, nous avons mené une levée de fonds, participative aussi, qui réunit près de 70 personnes qui croient au projet, en gardant, les journalistes-fondateurs, le contrôle capitalistique du journal (ouverture de 30% de notre capital). Cette levée de fonds doit nous permettre de nous donner le temps d’avoir suffisamment d’abonnés. Car on a fait le choix d’être un journal payant (mais accessible), sur abonnement. Cela nous paraît plus sain – et plus logique – d’être financé par ceux qui nous lisent que par de la publicité ou par un milliardaire. C’est aussi indispensable pour exercer notre métier en toute indépendance.

Comment définiriez-vous votre ligne éditoriale ?

Notre ligne éditoriale, c’est l’investigation locale. C’est une démarche journalistique : enquêter, sans tabou, sans parti pris, sur tous les domaines pour révéler des faits mais aussi aider à mieux comprendre les enjeux et l’environnement qui concernent le lecteur. Enquêter mais aussi expliquer : donner du sens aux faits, les raconter dans leur contexte.
Mediacités prend le temps d’enquêter. Certains journalistes passent des semaines à creuser un même sujet. C’est rare à l’heure des chaînes d’info en continu et du flux incessant des sites internet. On fait le pari d’une information rare – dans chaque ville, nous publions sur un rythme hebdomadaire – mais de qualité, exclusive, fouillée.

Avez-vous quelques exemples d'articles, sur Lyon en particulier, qui l'illustrent particulièrement ?

Dernièrement nous avons publié une longue enquête particulièrement bien documentée sur Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière et organisateur du festival Lumière. C’est une enquête inédite : tous nos confrères saluent la réussite de Thierry Frémaux mais personne n’était encore allé décortiquer ses affaires, regarder sur quoi repose ce succès. En bref, ce qu’il se passe en coulisses. On a découvert une personnalité intouchable, qui cumule les fonctions, en situation de conflit d’intérêts à plus d’un titre.
Autre domaine, autre article : nous avons révélé l’exil fiscal au Luxembourg du propriétaire du Kopster, nouvel hôtel du grand stade de l’OL. Il s’agit d’une des premières fortunes de Lyon. Cet exemple est assez significatif de l’importance d’un média sans publicité : à l’ouverture de l’hôtel, le Kopster a acheté de pleines pages de publicité dans la presse locale…  

Vous avez avec des correspondants ou des pigistes dans les différentes villes, je crois, comment travaillez-vous avec eux ?

Mediacités compte une équipe nationale, les journalistes-fondateurs qui assurent la rédaction-en-chef pour toutes les éditions. Nous travaillons ensuite avec des journalistes pigistes spécialistes de leur ville ou spécialistes d’un sujet en particulier qui peuvent enquêter sur l’une ou l’autre de nos villes. Un exemple : une de nos journalistes régulière est spécialiste des délégations de services publics, une compétence précieuse quand on enquête sur les collectivités locales.

Arrivez-vous à vos objectifs actuellement en nombre d'abonnement ?

Convaincre les lecteurs, habitués à la gratuité, de s’abonner pour une presse sur Internet est un travail de longue haleine. Mais petit à petit le message qu’une presse de qualité et indépendante a de la valeur et donc un coût pour le lecteur devient audible. Un peu plus de 2000 personnes se sont abonnées à Mediacités. Elles sont de plus en plus nombreuses mois après mois. Et elles sont encore plus nombreuses à lire nos articles car il est possible d’accéder à nos publications via une formule découverte « 24h gratuites ».  

              

                                        "Pour des médias (vraiment) au service des publics"

                                       Deuxième Journée Lyonnaise de la critique des médias
                                                            Demandez le programme ! 





lundi 15 octobre 2018

Menace sur l'information indépendante : Ils veulent bâillonner "Le Ravi" !


Nous relayons un communiqué du journal marseillais "Le Ravi", victime d'une assignation pour diffamation par un édile départemental sans doute peu habitué à apprécier le travail exigeant et sans concession d'une presse locale qui ne lui serve pas la soupe...






"Suite à la publication de notre enquête, "Les élus d'abord, les enfants après" Marc Lauriol, conseiller départemental LR du Var, et l’Odel (Office départemental d’éducation et de loisirs), qu’il dirige, nous ont assigné en diffamation. En nous réclamant 32 500 euros ! Les mêmes avaient pourtant refusé de répondre à nos questions et n’ont pas pris la peine de réclamer un droit de réponse...
Après avoir été renvoyé à quatre reprises, notre procès a eu lieu mardi 18 septembre, au tribunal de grande instance de Draguignan. Le délibéré du jugement a été rendu le 9 octobre. Nous sommes condamnés à 2000 euros de "dommages et intérêts" ainsi qu’à 2000 euros d’amende avec sursis en raison de certains passages de l’enquête dont le tribunal a jugé l’expression diffamatoire (le fait de qualifier, par exemple, de "pieuvre" l’Odel Var où le titre de l’enquête)... Encore dans l’attente de la notification écrite et détaillée du jugement, estimant entravée la liberté d’exercer notre métier avec l’irrévérence exigée d’un journal satirique, nous allons faire appel. Et ce recours est suspensif.
Par ailleurs, l’Odel, avec sa DRH, nous attaquent dans une deuxième procédure, là encore pour "diffamation", concernant une nouvelle enquête (« De l’Odel sous les ponts », le Ravi n°159, février 2018) ! Pour cette affaire bis repetita  : convocation au TGI de Draguignan le 21 novembre prochain. Et là encore du côté de la direction de l’Odel Var, le même refus de répondre à nos questions et le choix de ne pas s’exprimer dans le cadre d’un simple droit de réponse plutôt que d’attaquer devant la justice.

Témoignez votre solidarité avec la presse pas pareille régionale !
Abonnez sans tarder au Ravi  !

Notez bien qu'un journaliste du Ravi sera présent le 17 novembre dans le cadre de la deuxième journée lyonnaise des médias organisée par Acrimed 69 en partenariat avec La MJC Saint Jean du Vieux Lyon et dont le programme définitif sera bientôt dévoilé !

En attendant, vous pouvez découvrir Le Ravi ici : http://www.leravi.org/ et pour s'abonner ou le soutenir, c'est là http://www.leravi.org/spip.php?article1188

jeudi 11 octobre 2018

Médias locaux: TLM devient BFM Lyon !


Altice, le groupe de médias et de  télécommunication du milliardaire Patrick Drahi (Libération, L'Express, SFR, Virgin mobile...)  vient de racheter la chaîne lyonnaise Télé Lyon Métropole (TLM).


L'information est annoncée sur BFM TV (dont Drahi est aussi le propriétaire).

L'article souligne notamment que "l’acquisition de TLM, sous réserve de l’agrément du Conseil supérieur de l’audiovisuel, devrait être finalisée d’ici fin 2018".

Plus d'informations ici :

https://www.bfmtv.com/economie/altice-rachete-la-chaine-locale-tlm-pour-creer-bfm-lyon-1541275.html





Rien d'étonnant au fond que cette chaine locale, dévouée inlassablement depuis des années à la célébration extatique du marché et des entreprise locales (au fil d'émissions comme le "Club des entrepreneurs", "Lyon décideurs", " "Rencontres d'entrepreneurs"  et autres "Une entreprise  une famille") ait pu susciter les intérêts d'un des grands patrons du CAC 40 !