dimanche 10 mars 2024

C’EST MAINTENANT QU'IL FAUT SOUTENIR RUE 89 LYON !


Montée d’une extrême droite violente, pollutions industrielles, précarité, violences sexistes et sexuelles… Les tensions qui traversent Lyon et sa métropole sont nombreuses. Pour les traiter, nous avons besoin d’un média proche du terrain et proche de ses habitant·es. Or, quel autre média que Rue89Lyon pour vous donner la parole sur des sujets qui vous concernent ?

Depuis 12 ans, nous arpentons ce territoire lyonnais. Notre expérience du terrain et du journalisme d’investigation s’est construite avec vous, au cours d’entretiens, d’enquêtes, mais aussi de rencontres. Pour sentir le pouls des quartiers populaires, nous sommes allés au devant de vous, lors de reportages mais aussi de conférences de rédaction délocalisées, faites avec les habitant·es de ces quartiers.

Souvent, ce sont vos alertes qui nous ont permis de publier des informations d’utilité publique, parce que vous avez fait confiance à nos journalistes pour recueillir votre parole.

Depuis mi-octobre, trois salarié·es et journalistes possèdent à parts égales le journal devenu une Société coopérative et participative (Scop). Aujourd’hui, il est temps d’ouvrir davantage le média à ses lecteurs et lectrices.

Nous voulons aller plus loin dans ce mouvement vers vous, abonné·es, habitant·es, sources, associations, etc. Nous voulons organiser des événements et des rencontres pour faire plus facilement remonter l’information du citoyen au journaliste. Pour ça, nous avons besoin de votre soutien. Aidez-nous à réunir 1300 abonné·es d’ici le 20 mars !

 

Pourquoi fait-on appel à vous maintenant ?

Si nous avons pu sortir la tête de l’eau grâce à l’immense mobilisation de nos lecteurs⋅rices lors de notre 1ère campagne d’abonnement en mars 2023, notre média reste fragile.

Nous avons conscience que pour grandir encore, Rue89Lyon doit continuer de se renouveler. Pour vous convaincre de nous suivre, nous avons décidé d’être transparents :

  • Avec +300 abonné⋅es, on lance les conférences de rédaction ouvertes, délocalisées et les événements thématiques tout au long de l’année à venir.
  • Avec +500 abonné⋅es, on embauche un nouveau ou une nouvelle journaliste pour plus d’enquêtes et de moyens de traiter vos alertes.

 

Qu’est-ce que cela va pouvoir permettre ?

Concrètement, nous voulons vous proposer des rendez-vous réguliers durant lesquels vous pourrez directement participer au média :

  • La rédac’ aux lecteurs.rices : un conférence de rédaction ouverte à tous et toutes, dans nos locaux, une fois par an.
  • Des conférences de rédaction délocalisées, hors les murs, trois fois par an. En partenariat avec des associations, des collectifs, des institutions, dans les territoires urbains comme ruraux, nous voulons aller à la rencontre des habitant·es du territoire pour faire émerger des sujets.
  • Des événements thématiques : tables-rondes, projections, débats… autour des enquêtes de Rue89Lyon, avec celles et ceux qui sont directement concernées, et parfois aussi des responsables politiques.

Tout cela n'est pas sorti de nulle part. Depuis plusieurs années, nous parcourons les quartiers populaires de la métropole de Lyon pour y organiser des conférences de rédaction. L’occasion de faire émerger les voix des habitant·es de ces quartiers, et les sujets qui leur importent :

À Rue89Lyon, on croit en un journalisme proche du territoire, qui fouille là où ça dérange, qui demande des comptes, qui n’attend pas le sujet mais va le chercher.

Aidez-nous à atteindre et même dépasser les 1.300 abonné.es avant le 20 mars ! On vous promet un Rue89Lyon plus fort, indépendant et participatif que jamais.

 

 

Comment nous soutenir ?

  • En contribuant tout de suite, par un abonnement ou un don, sur : https://www.rue89lyon.fr/soutenir/
  • En partageant notre vidéo de présentation sur les réseaux sociaux : Facebook, Instagram, Twitter, Linkedin, Mastodon, Threads…
  • En relayant ce mail à vos proches et sur vos réseaux (liste de diffusion, newsletter, association, institution…). Diffuser, c'est aussi soutenir.

 

Calendrier de campagne

Pour convaincre encore plus de monde de nous soutenir, nous organisons une série d’événements pendant toute la durée de cette campagne (pensez à réserver vos places) :

  • Lundi 11 mars. Une table-ronde à la Maison de l’environnement : “Pollution aux perfluorés : comment traiter un scandale qui dure ?”. Avec Louis Miguel, du collectif Ozons l’eau Saine, Charline Gillot de Notre affaire à tous, Émeline Baume, vice-présidente de la Métropole de Lyon. Animé par Pierre Lemerle, journaliste à Rue89Lyon. Réservations conseillées ici.
  • Vendredi 15 mars à 14h : dans le cadre des Rencontres internationales du dessin de presse, dont Rue89Lyon est partenaire, nous animerons une conférence intitulée : "Sport, histoires de combats".
  • Mardi 19 mars à 19h à Plasma (Lyon 7), Rue89Lyon vous invite à sa soirée ! Verre de bienvenue, rencontre avec notre nouvelle équipe, présentation de nos projets… venez discuter avec la rédac’ de Rue89Lyon → Inscriptions ici.
  • Vendredi 22 mars de 18h à 19h : Rue89Lyon anime sa propre émission de radio en public au Collège graphique, sur l’invitation de Radio Anthropocène. Au programme : « Chercheurs et “Monsieurs-tout-le-monde” dans les médias : tous experts ? »

Merci d’avance pour votre soutien et à très vite !

Pierre, Elian, Marie

La rédaction de Rue89Lyon

jeudi 22 février 2024

SORTIE DE "MEDIACRITIQUES" N° 49 : ISRAËL - PALESTINE : LE NAUFRAGE DU DÉBAT PUBLIC

Le Médiacritiques n°49 est sorti de l’imprimerie le 16 février. À commander dès maintenant sur notre site ou à retrouver bientôt en librairie. Et surtout, abonnez-vous !

 

 

 

 

Ce numéro ne sera pas plus diffusé en kiosques que les précédents. Vous pourrez cependant le trouver dans quelques rares – mais d’autant plus précieuses – librairies listées ici, ainsi que sur notre boutique en ligne.

Et surtout, abonnez-vous ! Pour cela, rendez-vous sur notre boutique en ligne. Vous pouvez également nous soutenir en adhérant à l’association ou en faisant un don.

Tous les anciens numéros sont en accès libre ici.

A LYON, VOUS POUVEZ TROUVER MÉDIACRITIQUES EN VENTE DANS LES LIBRAIRIES SUIVANTES :

Le Bal des Ardents
17 rue Neuve 69001 Lyon

La Gryffe
5 rue Sébastien-Gryfe 69007 Lyon

Terre des Livres
86 rue de Marseille 69007 Lyon

« Libérons l’info ! » : revoir en vidéo les Etats généraux de la presse indépendante à Lyon

Le mardi 6 février 2024, une dizaine d'associations et de médias ont organisé l'étape lyonnaise des Etats généraux de la presse indépendante.

Vous pouvez revoir les débats et tables-rondes grâce à l'enregistrement de la soirée.

Le lien pour visionner les débats de la soirée : https://youtu.be/wpbZzbIVflo

 [En direct] : Suivez les États généraux de la presse libre et indépendante

 En réaction aux États généraux de l’information, lancés par le président de la République, plus de 100 médias indépendants, collectifs de journalistes et syndicats ont pris l’initiative de réunir des États généraux de la presse indépendante (EGPI). Un mot d’ordre : « Libérons l’info des pouvoirs politiques, des médias de la haine et des milliardaires. »

Lutter contre la concentration des médias, renforcer la transparence des entreprises de presse, enrayer la précarisation du métier de journaliste, mieux protéger le secret des sources… Le 30 novembre dernier, les EGPI ont rendu publiques 59 préconisations et pistes de réforme du secteur médiatique.

Depuis, les États généraux de la presse indépendante se poursuivent partout en France sous la forme de débats et de rencontres. Ils feront étape à Lyon, mardi 6 février, au Marché gare (4, place Hubert Mounier).

Au programme :

18h-21h > Village médias. Venez à la rencontre des acteurs régionaux de la presse indépendante : Mediacoop, L’Âge de faire, Mediacités, Chabe!, le collectif We Report, Rue89Lyon, Le Crestois, L’Arrière-Cour, Les Rues de Lyon, Basta!

À partir de 18h30 > Tables-rondes et débats avec le public

  • Pourquoi une presse locale indépendante est-elle nécessaire ?

Table-ronde animée par Sophie Chapelle, journaliste à Basta!

Avec : Antoine Brisson, auteur d’un blog spécialisé sur les médias locaux ; Laure-Meriem Rouvier, directrice du journal Le Crestois ; Mathieu Martinière, journaliste indépendant du collectif We Report ; Raphaël Ruffier-Fossoul, fondateur de L’Arrière-Cour et directeur de Chabe!

  • Garantir l’indépendance des médias face aux pouvoirs locaux

Table-ronde animée par Romary Daval, secrétaire général de l’association Un Bout des médias

Avec : Eloïse Lebourg, cofondatrice de Mediacoop ; Pierre Lemerle, journaliste et associé de Rue89Lyon ; Nicolas Barriquand, cofondateur de Mediacités.

Les tables-rondes seront entrecoupées de performances de deux comédiens.

Pourquoi une presse locale indépendante est‐elle nécessaire ? Table‐ronde animée par Sophie Chapelle (journaliste à Basta!), avec Antoine Brisson, auteur d’un blog spécialisé sur les médias locaux ; Laure‐Meriem Rouvier, directrice du journal Le Crestois ; Mathieu Martinière, journaliste indépendant du collectif We Report ; Raphaël Ruffier‐Fossoul, fondateur de L’Arrière-Cour et directeur de Chabe !

 

« Libérons l’info ! » : revoir les Etats généraux de la presse indépendante à Lyon
Ce mardi 6 février, une dizaine d'associations et de médias, dont Mediacités, ont organisé l'étape lyonnaise des Etats généraux de la presse indépendante. Vous pouvez revoir les débats et tables-rondes grâce à l'enregistrement de la soirée.

vendredi 26 janvier 2024

06 FÉVRIER : ETATS GÉNÉRAUX DE LA PRESSE INDÉPENDANTE À LYON :

 Les États généraux de la presse indépendante à Lyon

Mardi 6 février - 18h-21h - Marché gare

En réaction aux États généraux de l’information, lancés par le président de la République, plus de 100 médias indépendants, collectifs de journalistes et syndicats ont pris l’initiative de réunir des États généraux de la presse indépendante (EGPI). Un mot d’ordre : « Libérons l’info des pouvoirs politiques, des médias de la haine et des milliardaires. »

Lutter contre la concentration des médias, renforcer la transparence des entreprises de presse, enrayer la précarisation du métier de journaliste, mieux protéger le secret des sources… Le 30 novembre dernier, les EGPI ont rendu publiques 59 préconisations et pistes de réforme du secteur médiatique.

Depuis, les États généraux de la presse indépendante se poursuivent partout en France sous la forme de débats et de rencontres. Ils feront étape à Lyon, mardi 6 février, au Marché gare (4, place Hubert Mounier).

 

Au programme :

18h-21h > Village médias. Venez à la rencontre des acteurs régionaux de la presse indépendante : Mediacoop, L’Âge de faire, Mediacités, Chabe!, le collectif We Report, Rue89Lyon, Le Crestois, L’Arrière-Cour, Les Rues de Lyon, Basta!

À partir de 18h30 > Tables-rondes et débats avec le public

Pourquoi une presse locale indépendante est-elle nécessaire ?

Table-ronde animée par Sophie Chapelle, journaliste à Basta!

Avec : Antoine Brisson, auteur d’un blog spécialisé sur les médias locaux ; Laure-Meriem Rouvier, directrice du journal Le Crestois ; Mathieu Martinière, journaliste indépendant du collectif We Report ; Raphaël Ruffier-Fossoul, fondateur de L’Arrière-Cour et directeur de Chabe!

Garantir l’indépendance des médias face aux pouvoirs locaux

Table-ronde animée par Romary Daval, secrétaire général de l’association Un Bout des médias

Avec : Eloïse Lebourg, cofondatrice de Mediacoop ; Pierre Lemerle, journaliste et associé de Rue89Lyon ; Nicolas Barriquand, cofondateur de Mediacités.

Les tables-rondes seront entrecoupées de performances de deux comédiens.

Entrée gratuite.

Réserver :  https://www.eventbrite.fr/e/billets-etats-generaux-de-la-presse-independante-a-lyon-796036144537



mercredi 13 décembre 2023

ÉTATS GENERAUX DE LA PRESSE INDEPENDANTE : LES DEBATS EN VIDEO

 Cent médias et organisations ont formulé 59 propositions pour réformer la presse et le système d’information en France. Elles ont été détaillées et débattues lors d’une grande réunion publique, jeudi 30 novembre à Paris, à voir en streaming vidéo. 

 


 

 Toutes les vidéos du programme sont à retrouver ici et là :

 https://www.mediapart.fr/journal/culture-et-idees/301123/etats-generaux-de-la-presse-independante-les-debats-en-video

 https://www.youtube.com/watch?v=3b2Zt90dS4k

Après deux mois de discussion et les réunions de quatre groupes de travail, les États généraux de la presse indépendante ont soumis mercredi 29 novembre 59 propositions de réforme de la presse et de notre système d’information. Cette initiative, proposée début octobre par le Fonds pour une presse libre, est une réponse aux États généraux de l’information présidentiels, officiellement lancés le 3 octobre par l’Élysée.

Cette démarche officielle nous a inquiétés à plusieurs titres. La méthode politique choisie n’est pas la bonne : nommer une commission dans des conditions obscures, selon des critères inconnus et dans le secret du pouvoir élyséen ne confère aucune légitimité ; formuler un ordre du jour vague parce que terriblement vaste, alors que les urgences s’accumulent depuis des années… ; fixer un calendrier interminable puisque cette initiative présidentielle est censée déboucher sur un rapport (un de plus ?) à l’horizon du mois de juin... Enfin, le pouvoir suprême prétendant réformer « le contre-pouvoir », cela fait sourire ou protester.

Cent médias indépendants et organisations, syndicats de journalistes (SNJ, SNJ-CGT), collectifs de journalistes (Informer n’est pas un délit, Profession pigiste, etc.), associations de défense des droits (Sherpa, Maison des lanceurs d’alerte, etc.), associations de défense de la liberté d’informer (Un Bout des médias, Fonds pour une presse libre, Acrimed, etc.), ont donc décidé de se réunir. Pour construire d’autres états généraux, ceux d’une presse indépendante au service des citoyennes et citoyens.

C’est une initiative rare, exceptionnelle même, tant il ne s’agissait pas pour ces cent participants de mettre seulement leur signature sous un texte, mais de tenter de construire ensemble, malgré leur diversité et leurs désaccords légitimes, une plateforme commune de réformes urgentes et indispensables. Pas pour nous, journalistes. Mais pour l’ensemble de nos publics, pour défendre et renforcer cette liberté fondamentale qui est le droit de savoir de chacune et chacun, celui de connaître toute information qui relève de l’intérêt public.

Une consultation en ligne a été organisée durant trois jours, du 24 au 27 novembre, pour valider ou exprimer des désaccords sur les propositions soumises. Le résultat est là : 59 propositions réunies dans un livret numérique.

Ces propositions ont été détaillées et débattues lors de la grande réunion publique organisée le 30 novembre, à Paris, à voir en streaming vidéo. Cette réunion est suivie d’événements et débats organisés les semaines suivantes en régions, à Lille, Strasbourg, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Clermont-Ferrand ou Vire.


 

 LE PROGRAMME  : 

L’événement est co-animé par Nora Bouazzouni et David Dufresne.

✅ 17h/17h30. Ouverture salle, vidéos. Pourquoi des Etats généraux de la presse indépendante (François Bonnet- FPL). Lancement par Nora Bouazzouni et David Dufresne.

✅ 17h30/17h55. La guerre israélo-palestinienne ou la nécessité d’une information indépendante. Hommage aux 60 journalistes tués. Intervenant.es : Sarra Grira (Orient XXI), Jean-François Corty (MDM), Elias Sanbar (ancien ambassadeur de la Palestine à l’Unesco).

✅ 18h/18h25. Financer la presse indépendante (abonnements, dons, réforme des aides publiques). Quatre exemles : Le Crestois (Laure-Meriem Rouvier), Streetpress (Mathieu Molard), La Déferlante (Marie Barbier), Splann ! (Sylvain Ernault).

✅ 18h30/18h45. Réformer les médias : lecture de 16 de nos propositions par Agnès Rousseau (Politis), Claudine Cordani (Les Cent Plumes), François Bonnet (FPL), Charlotte Clavreul (FPL), Clément Pouré (Profession Pigiste), Romary Daval (Un Bout des Médias) et d’autres.

✅ 18h50/19h15. Débat sur la concentration des médias, le pluralisme, les droits des rédactions. Caroline Fontaine (ex-Paris-Match), Alexandre Buisine (SNJ), Jean-Marie Leforestier (Marsactu), Pauline Perrenot (Acrimed).

✅ 19h20/19h30. Sortir d’une dépendance grandissante des Gafam et plateformes. Tribune de Cécile Dubois (SPIIL).

✅ 19h35/19h55h. Financer les journalistes. Comment lutter contre une précarité grandissante. Témoignages et propositions. Macko Dragan (Le Mouais), Camélia Kheiredine (ex-FTV Slash), Pablo Aiquel (CGT), Malika Burzback (Profession Pigiste)

✅ 20h/20h10. Audrey Vernon, humoriste : "Libérez les médias otages des milliardaires"

✅ 20h15/20h25. Intelligence artificielle, l’éléphant au milieu de la pièce. Tribune Gérald Holubowicz.

✅ 20h30/20h40. Racisme, discriminations, dans le journalisme aussi. Tribune de Rémi-Kenzo Pagès et Christelle Murhula (AJAR).

✅ 20h45/20h55. Le prix de l’indépendance. Tribune Edwy Plenel (Mediapart)

✅ 21h/21h25. Renforcer le droit d’informer. Explication de nos propositions. Jérémie Demey (INPD), Tiphaine Beau de Loménie (Sherpa), Leila Minano (Disclose), Jacques Trentesaux (Médiacités), Grégoire Souchay (Reporterre). Questionné.es par Valentine Oberti (Mediapart).

✅ 21h30/21h40. Le journalisme contre la dictature. Tribune Mortaza Behboudi, notre confrère franco-afghan libéré.

Clôture avec intervention, musique et chorégraphie des Rosies

 

dimanche 12 novembre 2023

SORTIE DE "MÉDIACRITIQUES" N°48

Sortie de Médiacritiques n°48 (automne 2023)

Le Médiacritiques n°48 sortira de l’imprimerie le 26 octobre. À commander dès maintenant sur notre site ou à retrouver bientôt en librairie. Et surtout, abonnez-vous !



Ce numéro ne sera pas plus diffusé en kiosques que les précédents. Vous pourrez cependant le trouver dans quelques rares – mais d’autant plus précieuses – librairies listées ici, ainsi que sur notre boutique en ligne.

Et surtout, abonnez-vous ! Pour cela, rendez-vous sur notre boutique en ligne, ou remplissez le bulletin pdf et renvoyez-nous le avec un chèque. Vous pouvez également nous soutenir en adhérant à l’association ou en faisant un don.


Tous les anciens numéros sont en accès libre ici.

 A LYON, VOUS POUVEZ TROUVER MÉDIACRITIQUES EN VENTE DANS LES LIBRAIRIES SUIVANTES :

Le Bal des Ardents
17 rue Neuve 69001 Lyon

La Gryffe
5 rue Sébastien-Gryfe 69007 Lyon

Terre des Livres
86 rue de Marseille 69007 Lyon

 

lundi 30 octobre 2023

A VOIR SUR LE SITE DE "BLAST" : DÉCRYPTAGES MÉDIATIQUES PAR USUL ET LUMI

 1. Robert Hersant , le pire patron de presse des années 80

Bienvenue dans Rhinocéros, l'émission qui vous informe sur celles et ceux qui vous informent. Dans cet épisode, Usul et Lumi se penchent sur un sacré personnage, Robert Hersant, ancien patron du Figaro. Alors, ce nom vous dit peut-être quelque chose, puisque souvent on a comparé Vincent Bolloré et Robert Hersant. Alain Minc dit même que Bolloré est pire qu'Hersant. 

https://www.youtube.com/watch?v=zyhNeM2H13g




 

 

 

 

 

 

 

2. Affaire Stéphane Plaza : M6 protège ses intérêts 

 Depuis plus de 15 ans, Stéphane Plaza c'est l'agent immobilier sympa d'M6. C'est celui qui aide les proprios qui ont une maison à vendre, dans l'émission "Maison à vendre", ou qui aide les gens qui galèrent à trouver un appartement ou une maison, avec son émission intelligemment nommée "Recherche appartement ou maison". Alors il vend du bonheur en prime time et vous allez voir, tout le monde l'adore. Et puis des fois, il est limite, il est gênant. Le 21 septembre, le site d'information Mediapart révèle que Stéphane Plaza est accusé de violences physiques et psychologiques par au moins trois femmes.

https://www.youtube.com/watch?v=vWanQIeVXqs 


 








 

 

3. Complément d'enquête : Bolloré sort l'artillerie lourde

 https://www.youtube.com/watch?v=q79ofv58FMU


 

 

dimanche 6 août 2023

BOLLORÉ ET "LE JDD " : COMMENT A-T-ON PU EN ARRIVER LÀ ?

 Un article de Laurent Mauduit publié sur le site de MÉDIAPART.

La promotion par Vincent Bolloré de figures de l’extrême droite à la tête des médias qu’il contrôle constitue une accélération majeure du naufrage de la presse française. Mille et une lâchetés, abandons ou complicités accumulées pendant des années permettent aujourd’hui au milliardaire breton d’agir à sa guise.

Laurent Mauduit

23 juillet 2023 à 17h51

L’irruptionL’irruption de Vincent Bolloré dans l’univers des grands médias français constitue à n’en pas douter un tournant majeur dans l’histoire de la presse française. L’opération de prédation conduite depuis quelques années par une poignée de milliardaires sur les grands moyens d’information a changé de nature.

Car si la normalisation économique de la presse, conduite par ces puissances d’argent, s’est souvent prolongée par une normalisation éditoriale, avec un cortège de pressions, de censures ou de manipulations diverses, aucun de ces milliardaires n’avait osé faire ce que Bolloré entreprend aujourd’hui : transformer ses médias en officines de la droite extrême ou de l’extrême droite, et porter à leur tête des figures provenant de ces cercles ultraréactionnaires.

 

La longue grève qui paralyse Le Journal du dimanche (JDD), déclenchée le 22 juin par la rédaction lorsque celle-ci a appris que Vincent Bolloré voulait installer comme directeur Geoffroy Lejeune, jusque-là patron de Valeurs actuelles, invite à se pencher sur une question majeure : comment en est-on arrivés là ? Quelles sont les mille et une lâchetés, abandons ou complicités qui expliquent que la France des médias soit tombée si bas ? Comment le droit de savoir des citoyens et citoyennes, pourtant l’un des rouages majeurs de la démocratie, a-t-il pu ainsi être mis en danger ?

1. Avec Bolloré, un tournant historique

Convenons d’abord que l’irruption de Bolloré dans le paysage des médias constitue bel et bien un tournant dans l’histoire de la presse française. Ce que nous avions connu depuis près de 15 ans, c’était une opération de prédation que l’on pourrait qualifier de classique. Une petite dizaine de milliardaires ont progressivement mis la main sur la quasi-totalité des grands médias français : Bernard Arnault sur Les Échos puis Le Parisien ; Xavier Niel et ses associés sur le groupe Le Monde, puis sur L’Obs, Nice-Matin ou encore les journaux de France-Antilles ; Patrick Drahi sur Libération (aujourd’hui revendu), BFM Business, BFMTV ou encore RMC ; la famille Dassault sur Le Figaro ; Rodolphe Saadé sur La Provence ; Daniel Kretinsky sur Marianne, etc.

Et de cette normalisation économique a découlé une normalisation éditoriale. On en connaît la liste interminable, du licenciement d’Aude Lancelin de L’Obs en 2016 jusqu’au récent et brutal changement de direction aux Échos, en passant par les censures au Parisien : en 2016, ses journalistes n’ont pas pu parler de Merci Patron !, le film de François Ruffin ridiculisant LVMH, propriétaire du journal depuis 2015 ; en octobre 2022, une interview du patron de la CGT Philippe Martinez n’est pas parue ; et la rédaction a encore fait état récemment de pressions éditoriales… Et puis, surtout, cet écosystème mortifère dominé par les puissances d’argent a généré des systèmes d’autocensure parfois généralisée.

Dans ce système de presse d’influence ou de presse de connivence, les logiques d’information ont donc été fortement abîmées, car chacun de ces milliardaires a poursuivi des intérêts qui lui étaient propres, souvent pour plaire au pouvoir politique.

Comme nous l’avions rappelé ici, en rachetant Libération en 2014, Patrick Drahi a répondu aux souhaits du président François Hollande et de son ami Laurent Joffrin qui cherchaient un moyen de recapitaliser le quotidien et de s’assurer qu’il vienne en appui de Hollande dans l’hypothèse d’une nouvelle campagne présidentielle. La famille Dassault, elle, ménage régulièrement le pouvoir en place dans Le Figaro, comme ici en 2014, afin de s’assurer de continuer à s’attacher les services du chef de l’État en VRP de luxe pour vendre ses Rafale.

Mais aucun de ces milliardaires n’avait mis ouvertement les médias dont il avait pris le contrôle au service de thématiques xénophobes ou islamophobes. C’est ce pas-là qu’a franchi Vincent Bolloré : en transformant hier i-Télé en CNews, puis en installant Éric Zemmour comme chroniqueur de la chaîne, et enfin en mettant cette dernière au service de la campagne pour la présidentielle de cette même figure de l’extrême droite ; en plaçant aujourd’hui Geoffroy Lejeune, soutien d’Éric Zemmour, à la tête du JDD.

L’irruption de Bolloré dans le paysage médiatique est adossée à un projet de nature politique qui vise à saper les valeurs républicaines. Elle renvoie à une époque trouble, celle de l’entre-deux-guerres, qui avait vu certains grands médias tomber dans l’escarcelle de l’extrême droite. L’exemple le plus célèbre est évidemment celui du Figaro, racheté en 1922 par François Coty (1874-1934), un homme d’affaires qui a fait fortune dans l’industrie du parfum. Violemment anticommuniste, tout aussi violemment antisémite, François Coty (de son vrai nom, Joseph Marie François Spoturno) enrôle alors le journal qu’il vient d’acheter dans ses campagnes politiques.


Admirateur forcené de Benito Mussolini (1883-1945), qui vient de prendre le pouvoir en Italie, François Coty inonde aussi d’argent l’Action française mais finit par se fâcher avec le mouvement monarchiste. « Faveur éphémère de la fortune, il se trouva qu’un ploutocrate se toqua de nous. C’était le fameux parfumeur Coty, devenu propriétaire du Figaro », racontera Charles Maurras (1868-1952) en 1943 dans La Contre-Révolution spontanée. Le chef de file de l’Action française, Léon Daudet (1867-1942), sera tout aussi ingrat avec celui qui lui a apporté tant d’argent, le traitant de « crétin juché sur un monceau d’or ».

Il faut donc regarder les choses en face – ce que beaucoup de politiques se refusent à faire : le François Coty d’aujourd’hui s’appelle Vincent Bolloré.

C’était précisément avec cette histoire sombre que le Conseil national de la résistance (CNR) avait voulu rompre, en fixant en 1944 dans son programme cette belle ambition, pour tourner la page honteuse de la presse collabo, mais sans doute plus encore, la page tout aussi honteuse de la presse affairiste de l’entre-deux-guerres : « Rétablir la liberté de la presse, son honneur et son indépendance vis-à-vis des puissances financières ».

C’est donc un terrible retour en arrière que connaît aujourd’hui la presse.

2. Les ravages de la privatisation de l’audiovisuel

Si Vincent Bolloré a pu instrumentaliser ses médias pour en faire les chambres d’écho de l’extrême droite, c’est d’abord pour une raison qui renvoie à une histoire longue, à laquelle la droite comme les socialistes ont apporté leur pierre : celle de la privatisation de l’audiovisuel français et de son onde de choc sur le secteur public.

Il faut avoir à l’esprit qu’au regard de la loi du 30 septembre 1986 sur l’audiovisuel, baptisée « loi Léotard », dont les principales dispositions sont toujours en vigueur, les chaînes dont les milliardaires sont les opérateurs ne leur sont concédées qu’à titre temporaire. Elles ne leur appartiennent pas. La concession ne constitue qu’un « mode d’occupation privatif du domaine public de l’État », indique l’article 22.

Or, sans que nul ne s’en offusque, les concessions se sont transformées en appropriation. Le début de cette histoire consternante, c’est la privatisation de TF1, en 1987, qui va tirer vers le bas tout le secteur audiovisuel français. En droit, le groupe Bouygues n’achète en effet à l’époque, pour 3 milliards de francs, qu’une concession lui permettant d’être l’opérateur de TF1 pour dix ans. Trente-cinq ans plus tard, par d’innombrables manigances peu connues, sans jamais qu’un nouvel appel d’offres n’ait été lancé, il est toujours aux commandes de la chaîne, sans avoir jamais déboursé un centime de plus.

Et ce n’est pas la seule disposition de l’appel d’offres qui a été violée. Celui-ci prévoyait aussi la possibilité pour la puissance publique d’annuler la concession, au nom du « mieux-disant culturel ». Or, on sait qu’il s’est agi d’une farce, et les pouvoirs publics, de gauche comme de droite, ont laissé faire.

Le pouvoir, qu’il soit socialiste ou de droite – ou le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), à ses ordres –, avait, avec cette clause du « mieux-disant culturel », le moyen de mettre TF1 au pied du mur : soit la chaîne respecte ses engagements, soit elle s’expose au retrait de sa fréquence. Cette menace ultime n’est jamais brandie et le groupe Bouygues est devenu le véritable propriétaire de la fréquence de TF1, alors que c’était un bien public supposé être inaliénable.

C’est donc cette démission de la puissance publique qui est à l’origine de ce que CNews est devenue : puisque l’État a laissé faire les milliardaires, et leur a fait cadeau des fréquences, même si ce sont des biens publics, pourquoi Vincent Bolloré n’en aurait-il pas profité comme bon lui semble ?

3. La spéculation gagnante de Bolloré sur les fréquences

Non seulement quelques milliardaires se sont approprié des chaînes dont ils ne devaient être que les exploitants à titre provisoire, mais observant l’inertie, sinon la complicité, de l’État, ils se sont mis à spéculer sur les fréquences publiques, revendant, plus-values à la clef, des fréquences qu’ils avaient obtenues de l’État à titre gracieux.

Attribuée gratuitement par le CSA, la chaîne numéro 23 est ainsi revendue en 2015 par l’homme d’affaires Pascal Houzelot 88,5 millions d’euros à NextRadioTV, qui elle-même a par la suite été croquée par Patrick Drahi. Mais Pascal Houzelot, qui a mis ses réseaux au service d’Emmanuel Macron lors de la présidentielle de 2017, et qui siège au conseil de surveillance du Monde, a eu des précurseurs : de richissimes hommes d’affaires français ont pu agrandir leur fortune par le même type d’opération.

Une seule suffit à résumer la folie du système français : celle qui a permis à Vincent Bolloré d’engranger une plus-value exorbitante en spéculant sur la TNT, grâce à laquelle il a pu monter au capital du groupe Vivendi et, par ricochet, devenir le véritable patron de sa filiale, le groupe Canal+.

Quand, à la fin de l’été 2011, Vincent Bolloré cède le contrôle de 60 % des deux chaînes de la TNT qu’il contrôle, Direct Star et Direct 8, il réalise une affaire en or. Direct Star, c’est l’ex-Virgin 17, qu’il a rachetée au groupe Lagardère 70 millions d’euros et qu’il rétrocède à Canal pour près de 130 millions d’euros. Et Direct 8, il l’a obtenue gracieusement, au terme d’une autorisation que le CSA lui a accordée le 23 octobre 2002.


Dans le « deal » que Vincent Bolloré fait avec le groupe Vivendi, les deux chaînes sont valorisées 465 millions d’euros, alors que l’industriel breton n’y a investi guère plus de 200 millions. Grâce à l’État, il fait par conséquent une culbute financière exceptionnelle… d’autant plus importante que Vincent Bolloré est payé en titres Vivendi, à un cours exceptionnellement bas, de 17 euros, du fait de la crise financière, à l’époque encore très violente.

Vincent Bolloré a ainsi fait une culbute presque 50 % au-dessus de ce que l’on pensait à l’époque où il a vendu les deux chaînes de la TNT. Et, dans la foulée, il est devenu l’homme fort du groupe Vivendi (il en devient le président du conseil de surveillance en juin 2014), et par là même aussi, l’homme fort de sa filiale, le groupe Canal+, et de sa sous-filiale i-Télé, bientôt transformée en CNews.

Allez vous étonner ensuite que Vincent Bolloré prenne ses aises : son audace insupportable est le produit de la démission, ou plutôt de la complicité des pouvoirs successifs.

4. L’alerte d’i-Télé que personne n’a voulu entendre

Cette situation est d’autant plus grave que le projet politique de Vincent Bolloré est connu depuis longtemps. Il a construit son empire sur les décombres du capitalisme colonial français, en prenant d’abord d’assaut la banque Rivaud, qui était la banque de la Françafrique en même temps que celle des coups tordus du RPR. Et il n’a jamais caché qu’il défendait des valeurs en empathie avec le groupe qu’il construisait.

Aucun responsable politique ne peut prétendre qu’il ignorait les attaches de Vincent Bolloré avec la droite radicale. Voilà bien longtemps qu’il a tombé le masque, même si beaucoup ont fait mine de ne pas le voir. Se souvient-on par exemple qui le milliardaire porte à la direction de la rédaction d’i-Télé, en septembre 2015, quand il prend le contrôle de la chaîne ? Il s’agit de l’un de ses proches, Guillaume Zeller, petit-fils d’André Zeller (1898-1979), l’un des quatre généraux putschistes de la guerre d’Algérie.

Sur le coup, la nomination fait scandale. Non pas que l’on puisse être tenu pour responsable de son ascendance, mais parce que l’intéressé évoluait lui-même de longue date dans le microcosme des catholiques ultraconservateurs, multipliait les entretiens avec la radio d’extrême droite Radio Courtoisie et avait ses habitudes sur Boulevard Voltaire, le site de Robert Ménard, devenu en 2014 maire de Béziers.

Dans un point de vue publié sur ce site le 10 novembre 2012, Guillaume Zeller dénonçait ainsi « l’imposture du 19 mars », jour anniversaire de la signature, en 1962, des accords d’Évian qui ont marqué la fin de la guerre d’Algérie. Dans un autre billet de blog sur le même site, publié le 4 décembre 2013, sous le titre « Paul Aussaresses aurait pu être un héros national », il chantait les louanges du général, s’appliquant à relativiser les actes de torture dont le militaire s’est rendu coupable pendant la guerre d’Algérie.

Or, à l’époque, personne ne se met en travers de cette nomination. Il y avait pourtant un moyen simple de le faire : que le gouvernement accepte de doter les rédactions d’un statut juridique leur conférant des droits moraux, dont le droit d’approbation ou de révocation de leur direction. Mais, en discussion à l’époque au Parlement, la proposition de loi du socialiste Patrick Bloche sur les médias n’a pas pris en compte cette exigence démocratique qui aurait servi de bouclier à la rédaction d’i-Télé, à l’époque très menacée et conduisant une grève courageuse.

On connaît le triste épilogue d’i-Télé : face au gouvernement socialiste qui n’a pas levé le petit doigt, Bolloré a pu conduire une véritable purge au sein de la chaîne, la rebaptiser ensuite CNews et y installer une ribambelle de chroniqueurs d’extrême droite, dont Éric Zemmour.

L’alerte d’i-Télé n’est pas la seule. Il y a eu aussi celle d’Europe 1, radio que Vincent Bolloré a arrimée en 2021 à CNews, et aussi truffée de chroniqueurs de droite radicale, comme Louis de Raguenel et quelques autres.

C’est exactement la même opération que Bolloré voudrait engager au JDD. Et comme depuis 2015, la loi n’a toujours pas été modifiée, malgré la demande symbolique de ces derniers jours venue de certains parlementaires, le milliardaire peut, à bon droit, l’interpréter comme un feu vert.

5. Le coup de pouce de Hollande en faveur de Bolloré

Emmanuel Macron n’est pas le seul à laisser faire Bolloré. Avant lui, il y a eu François Hollande. Comme nous l’avons déjà raconté, ce dernier a offert un formidable coup de pouce à Vincent Bolloré lors de sa présidence. C’est dans le livre-miroir de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, Un président ne devrait pas dire ça… (Stock, 2016), que l’on découvre cette indication. Les deux auteurs rapportent d’abord cette anecdote : « Tout commence au printemps 2014. BeIN Sports, la chaîne qatarie, s’apprête à rafler l’intégralité des droits de la Ligue 1 de football. Canal+, dont c’est l’un des principaux produits d’appel, est en danger de mort. Or Vincent Bolloré, dont l’amitié avec Nicolas Sarkozy est notoire, vient de faire main basse sur la chaîne cryptée, via Vivendi. En avril 2014, Hollande reçoit, en secret, Rodolphe Belmer et Bertrand Meheut, les patrons de Canal+, venus exposer leurs craintes. Le président va se démener. »

Les deux auteurs cèdent alors la parole à François Hollande : « On a sauvé Canal, nous confie-t-il alors. J’ai reçu discrètement Belmer et Meheut. J’ai appelé l’émir du Qatar, je lui ai dit : [...] “Je souhaite qu’il y ait un partage.” »

Dans ces propos sidérants, il y avait en fait deux scandales en un. D’abord, cela suggérait que l’appel d’offres de la Ligue pour les droits TV de Ligue 1 de football pour la période 2016-2020 aurait pu avoir été biaisé, à l’initiative même du chef de l’État. Avec en bout de course un partage des droits entre la chaîne qatarie et Canal+, et de moindres recettes pour la Ligue de football professionnel (LFP). Mais dans ce scandale, il y en avait un autre en amont : visiblement, si François Hollande a dérogé à toutes les obligations d’impartialité de sa charge, c’était pour venir en appui de Vincent Bolloré qui, au même moment, prenait le contrôle de Vivendi et, bientôt, de Canal+ et d’i-Télé.

Le comportement de François Hollande est venu confirmer le système de consanguinité qui fonctionne depuis si longtemps entre les sommets de l’État et les propriétaires des médias, et qui fait tellement de mal à la presse. On a d’ailleurs eu assez vite une confirmation de ce système. Quand les journalistes d’i-Télé se sont rebellés contre la mainmise de Vincent Bolloré et ont engagé une grève longue et courageuse, le gouvernement de l’époque n’a rien fait pour défendre cette rédaction. Le pouvoir socialiste a laissé le milliardaire conduire la purge qu’il souhaitait organiser, sans laquelle CNews ne serait peut-être jamais devenue la chaîne qu’elle est désormais.

6. Une complicité généralisée

Encore faut-il bien préciser que le pouvoir socialiste est loin d’être seul responsable. Avant François Hollande, il y a eu Nicolas Sarkozy, qui était ami avec Vincent Bolloré et qui l’a aidé autant qu’il a pu. Et Emmanuel Macron a poursuivi cette invraisemblable saga d’un pouvoir perpétuellement aux ordres des cercles d’affaires, aussi peu républicains soient-ils. On sait ainsi que le chef de l’État a des relations de proximité avec Cyril Hanouna, l’animateur fétiche de Bolloré : « Il me demande les tendances », a un jour confié ce dernier, parlant de Macron. « On échange par SMS tous les jours », a de son côté révélé Marlène Schiappa, qui vient de quitter le gouvernement.

Même s’il y a dans cette sortie beaucoup de démagogie de bas étage, beaucoup de vulgarité, cela donne le climat délétère du moment : c’est la télé d’extrême droite qui mène actuellement la danse du débat public. La socialiste Ségolène Royal, ex-candidate à la présidence de la République, vient, elle-même, de céder aux sirènes de la télé-trash en annonçant qu’elle allait rejoindre à l’automne la bande des chroniqueurs de Cyril Hanouna sur C8.

7. Une régulation totalement défaillante

Au nombre des raisons qui expliquent ce naufrage démocratique, il faut encore citer l’invraisemblable défaillance de la régulation audiovisuelle. Et CNews en est, là encore, un cas d’école. Comment la chaîne a-t-elle pu devenir l’outil de propagande de l’extrême droite sans que le gendarme du secteur audiovisuel ne se mette en travers ? Comment, sur C8, Cyril Hanouna, dans son émission « Touche pas à mon poste », a-t-il pu consacrer lors de la dernière campagne présidentielle 40,3 % de temps d’antenne cumulé à Éric Zemmour, très loin devant les autres candidats à la présidentielle, comme l’a établi Claire Sécail ?

Lors son audition le 19 janvier 2022 par la commission d’enquête sénatoriale sur la concentration des médias, Vincent Bolloré a réfuté l’idée que son groupe cherchait à promouvoir une « chaîne d’opinion ». L’enquête de la chercheuse du CNRS ruine cette fragile défense.

Or, ce faisant, CNews viole la loi en même temps que son cahier des charges. Car la loi du 30 septembre 1986 fixe des obligations de pluralisme à tous les opérateurs qui obtiennent des fréquences publiques , leur demander de s’assurer « du caractère pluraliste de l’expression des courants de pensée et d’opinion ». On mesure les libertés que CNews prend avec son obligation de respect du pluralisme, sans que le gendarme de l’audiovisuel n’intervienne. Lequel gendarme n’a infligé que 200 000 euros d’amende à la chaîne lors de l’un des plus graves dérapages d’Éric Zemmour.

8. Les dérives du service public

On aurait pu espérer au cours de ces trente-cinq dernières années que le service public fasse au moins office de sanctuaire et que les journalistes qui y travaillent soient à l’abri des pressions du privé, comme de la montée en puissance de ces télés bavardes qui noient l’information dans un blabla général favorisant les opinions, jusqu’aux plus rances.

Erreur ! Dans un univers audiovisuel sans frontières, avec des chroniqueurs travaillant alternativement pour le public et pour le privé, et souvent pour les deux en même temps, une porosité généralisée s’est instaurée. Le service public a lui-même contribué à la banalisation des idées d’extrême droite, sans que nul ne s’en offusque.

Il en existe une preuve ancienne et bien connue : c’est dans l’émission phare de Laurent Ruquier « On n’est pas couché », sur France 2, qu’Éric Zemmour a acquis une bonne partie de sa triste notoriété. Et même quand il a connu sa première condamnation pour incitation à la haine raciale en février 2011, la télévision publique a continué de l’accueillir comme chroniqueur pendant quelques mois, puis à le faire venir comme invité. Et bien avant qu’il ne se déclare candidat, il a également été régulièrement invité par la matinale de France Inter, comme s’il était un intellectuel comme un autre.

De cet affaissement du service public et de ses missions, il existe un autre indice : l’ entretien de Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des programmes et des antennes de France Télévisions, au Figaro en février 2022. Le jeune cadre, qui a participé aux manigances dans les coulisses du pouvoir pour aider Delphine Ernotte à prendre la présidence du groupe public, fixait ce cap pour France Télévisions : « France Télévisions jouera pleinement son rôle dans l’exposition du débat démocratique. Cela veut dire être attentif, afin que toutes les opinions soient représentées à l’antenne. Nous devons nous adresser aux gens qui votent Emmanuel Macron, aussi bien que Valérie Pécresse, Éric Zemmour, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Yannick Jadot… [...] Toutes les opinions doivent y être valorisées de la même manière et bénéficier du même temps d’expression. »

Stéphane Sitbon-Gomez, qui auparavant avait été le proche collaborateur de Cécile Duflot du temps où elle était ministre du logement, avait aussi confirmé au journal que France Télévisions pourrait confier à Mathieu Bock-Côté, l’essayiste québécois d’extrême droite qui a remplacé Éric Zemmour sur CNews, la production d’un documentaire sur la présidentielle. Un projet finalement abandonné, mais qui reste révélateur du climat dans lequel travaille la direction du groupe public.

C’est une conception radicalement dévoyée du pluralisme que défendait ce responsable, que l’on pourrait résumer par cette formule polémique empruntée à Jean-Luc Godard, mais qui dit bien sur quelle pente dangereuse s’engage France Télévisions : « L’objectivité, c’est cinq minutes pour Hitler, cinq minutes pour les juifs. »

9. Le coup des états généraux de l’information

Si l’on se replonge dans le passé pour comprendre comment Bolloré a eu les mains libres pour faire ce qu’il fait, un autre rappel vient immanquablement à l’esprit : périodiquement, comme pour donner le change, l’Élysée, sous différentes présidences, aime exhumer l’idée d’états généraux de l’information ou de la presse. Ce fut le cas sous la présidence de François Hollande ; et c’est de nouveau le cas sous celle d’Emmanuel Macron.

Sans préjuger de la position que Mediapart prendra face à ces nouveaux états généraux – que l’auteur de ces lignes ne saurait engager –, deux évidences s’imposent.

À lire aussi

Médias : aux origines du naufrage démocratique français 14 février 2022 À l’Assemblée, une initiative symbolique pour protéger les rédactions 19 juillet 2023

D’abord, la nouvelle offensive de Vincent Bolloré exige une réponse urgente. Car le milliardaire compte sur l’épuisement de la rédaction du JDD, qui mène une grève longue et difficile – comme il a compté sur l’épuisement des journalistes d’i-Télé. Or, selon le communiqué de l’Élysée, les travaux des nouveaux états généraux « débuteront en septembre prochain, et [...] devront remettre leurs conclusions d’ici l’été 2024 ». Autant dire que si l’on s’en tient à ce calendrier, et si rien n’est fait dans l’intervalle pour contrecarrer la gravissime offensive de Bolloré, les journalistes du JDD connaîtront malheureusement le même sort que celui de leurs confrères d’i-Télé : ils seront mis à genou ou chassés de leur journal.

Et puis, si le passé donne des clefs pour comprendre le présent, sans doute faut-il rappeler que les précédents états généraux s’étaient déroulés dans de bien opaques conditions. Dans un billet de blog et dans un article, François Bonnet, qui était alors le directeur éditorial de Mediapart (il préside aujourd’hui le Fonds pour une presse libre), avait expliqué pourquoi Mediapart avait quitté les états généraux 17 minutes après le début de la tenue de l’une des quatre commissions, après avoir constaté qu’aucune des conditions minimales n’était remplie : pas de publicité des débats, sous-représentation des journalistes, absence des lecteurs et des blogueurs, et un flou procédural laissant libre cours aux influences et petits arrangements.

C’est dire, dans tous les cas de figure, que la défense de la liberté de la presse – et dans l’immédiat la défense sans condition de l’indépendance de la rédaction du JDD, que l’on aime ou pas ce journal – appelle des mesures d’une très grande urgence. Il n’y a pas de tâche plus impérieuse que de « rétablir la liberté de la presse, son honneur et son indépendance ».

Laurent Mauduit

lundi 22 mai 2023

APPEL À DONS : POUR UNE CRITIQUE ET UNE TRANSFORMATION DES MÉDIAS

Pour continuer à critiquer les médias et à porter des propositions visant à les transformer, nous faisons, comme chaque printemps, appel à vous.

Notre association ne vit que grâce aux adhésions, dons et abonnements. Et grâce à vous, en 2022, pour la quatrième année consécutive, nous avons réussi à boucler notre budget dans le vert. Merci ! Grâce à cette stabilité, nous poursuivons l’édition de Médiacritiques, notre revue papier trimestrielle (prochaine parution début juillet), nous organisons et participons chaque année à des dizaines de réunions publiques. Nous avons aussi, cela ne vous a pas échappé, publié le livre Les médias contre la gauche (Pauline Perrenot, Agone, mars 2023). Et, bien sûr, nous publions des articles sur notre site, toujours en accès libre et gratuit (et sans publicité) !

Pour une critique des médias indépendante et radicale, aidez-nous à perpétuer la dynamique de ces dernières années, et à continuer le combat pour faire de la question des médias une question politique !




Vous souhaitez soutenir Acrimed ?


Vous pouvez faire un don


et/ou adhérer à l’association


Nous vous rappelons que les dons et les cotisations d’adhésions ouvrent droit à réduction d’impôt (si vous êtes imposable).

Nous vous invitons à visiter notre boutique, où vous pourrez régler par carte bancaire, virement, Paypal, chèque ou prélèvement automatique. Vous pouvez aussi utiliser le bulletin pdf :


Un grand merci à vous, et vive la critique des médias !

L’équipe d’Acrimed

jeudi 11 mai 2023

"CQFD" LE MENSUEL INDÉPENDANT DE CRITIQUE ET D'EXPÉRIMENTATIONS SOCIALES, FÊTE SES 20 ANS !!

CQFD monte à la capitale (ou presque) ! Le plus marseillais des journaux hexagonaux décentralise la décentralisation et envahit, le temps d’une journée, la Parole errante à Montreuil. On y célébrera les 20 ans d’existence du canard rebelle avec d’excitantes rencontres et une belle bringue comme on les aime ! 


 

CQFD a 20 ans ! Le numéro 0 du journal au Chien rouge est en effet paru en avril 2003, le numéro 1 le mois suivant… Un média indépendant qui tient deux décennies, qui plus est sur papier et toujours en kiosque, ce n’est pas si courant et on s’est dit que cela méritait d’être célébré. Pour l’occasion, le mensuel marseillo-mondial quitte sa ville d’origine : après une virée à Brest pour son 15e anniversaire, CQFD investit ce coup-ci la Parole errante à Montreuil le temps d’une journée (et d’une soirée) !

 
Affiche signée Étienne Savoye.

Tout l’après-midi : discussions, ateliers, stands, expos…

Avec (entre autres) la librairie Quilombo, les éditions Libertalia et La Lenteur, les revues La Disparition et Jef Klak ou encore Acrimed. Et une jolie ribambelle de contributeurs du journal, écrivains et illustrateurs.

Le programme sera complété ici au fur et à mesure.

Le soir, place au live !

René Binamé (anarcho punk)
aredje.net/rene-biname

Les Vulves assassines (punk rap de l’espace)
vulvesassassines.fr

Samedi 20 mai, ouverture des portes à 14h
La Parole errante – 9 rue François Debergue, Montreuil [plan]
Participation libre (mais nécessaire), bar et bouffe sur place