"Pour ce gouvernement anti-populaire, engagé dans une
politique de destruction de la protection sociale et de répression
policière des colères, des mobilisations et des insurrections qui en
découlent, le COVID-19 permet de réaliser plusieurs tests en grandeur
nature :
– Test de contrôle de la population (répression, prison, hélicoptères, drones, communications).
– Test d’obéissance de la police dans ce contrôle des populations.
– Test de privatisation-dislocation de l’éducation nationale transférée en e-learning.
– Test d’avancement de la vidéo-médecine à distance.
– Test de soumission des médias, de la population et des gauches (union nationale oblige).
– Test de démolition avancée du droit du travail.
Pour lire l'intégralité du texte, c'est ici : http://www.ardeur.net/2020/04/covid-19-lami-des-dominants/
Un extrait du texte consacré en particulier au traitement médiatique de la crise sanitaire :
Des médias au garde-à-vous
En dehors des aspects proprement médicaux de la
situation sur lesquels nous ne sommes pas compétent·e·s (nous ne sommes
pas microbiologistes et il y a déjà suffisamment de vidéos sur le
coronavirus, d’interviews et d’exposés de tous bords, de tous
scientifiques pour ne pas inonder davantage le débat), il nous revient
en revanche d’interroger les aspects politiques et en soumettre les
contradictions à notre intelligence collective. Compter sur nous-mêmes
en somme et sur notre intelligence critique que nous nie l’intégralité
(ou presque) des médias, docilement regroupés autour du pouvoir
exécutif.
Le nombre de morts égrené chaque jour dans nos médias
est profondément anxiogène. Le traitement médiatique de la situation
nous rend inévitablement vulnérables et les conséquences sur nos
citoyennetés sont dramatiques. On ne compte plus les exemples de
personnes se faisant apostropher pour être sorties acheter du pain
(franchement, a-t-on vraiment besoin de pain frais quotidien en cette
période de catastrophe mondiale ?) ou pour avoir rendu visite à un
proche. Tout le monde est en train de devenir le flic des autres.
L’ambiance est à la dénonciation et aux milices de volontaires qui vont
bientôt patrouiller dans les rues. Surtout si ces chiffres ne sont pas
expliqués et qu’ils n’ont pour seule fonction que de créer un
traumatisme sur fond de méfiance circulaire et nourrie de tous bords.
Expliquer les chiffres, cela voudrait dire les
contextualiser, les mettre en perspectives (historiques notamment), les
comparer à d’autres… Un exemple : sans vouloir minimiser l’épidémie, il
est intéressant de savoir que le nombre de morts faits par le COVID-19
en quatre mois (environ 30 000) est à peu près identique au nombre de
personnes qui meurent de faim chaque jour. Ou que le paludisme cause
encore plus de 450 000 décès chaque année. Sans qu’on ne s’alarme, dans
ces deux cas, des mesures à mettre en place pour éviter pareilles
hécatombes. Et que dire de cette information en boucle sur les Ehpad qui
se confinent avec le personnel ? Il y a en France 610 000 décès chaque
année (une personne toute les 50 secondes) dont 25 % en Ehpad. Les décès
au sein des Ehpad représentent donc plus de 150 000 morts par an. Nous
parler des décès en Ehpad, c’est nous les présenter comme un problème
injuste et terrifiant. On se demande alors ce qu’est la représentation
d’un Ehpad pour un chroniqueur de TF1 : une colonie de vacances ? Une
thalassothérapie ? Ou un de ces mouroirs sans personnel vendu au privé,
qu’on intègre de façon définitive mais dans lequel on vous garantit un
placement à 11 % si vous achetez une chambre pour la louer aux résidents
? Pour rappel (car c’est aussi cela mettre les chiffres en
perspectives), la moyenne d’âge des morts du coronavirus en France est
de 81,2 ans ! Et si la mort du musicien Manu Dibango a suscité beaucoup
d’émoi, précisons tout de même qu’il avait… 86 ans.
La télé gouvernementale nous montre en boucle
l’hôpital de Mulhouse saturé, l’armée qui évacue des malades en avion
vers Toulon. Les tentes de médecine de guerre… terrible ! Mais elle se
garde bien de questionner les odieux petits soldats des ARS (Agences
régionales de santé) qui ont vidé l’hôpital de tous ses moyens, de tous
ses personnels, qui ont mis cent directeurs en démission administrative
il y a deux mois, et qui font fonctionner le matériel hospitalier en
flux tendus .. Traduirons-nous un jour les ARS devant les tribunaux pour
mise en danger délibérée à grande échelle de la vie d’autrui ?
Et c’est probablement à la lecture des médias de
gauche ou d’extrême gauche qu’on mesure la puissance de cette
manipulation à grande échelle. C’est cela une union nationale : faire
taire notre capacité critique, adhérer à l’autorité du pouvoir. La
chaîne Youtube « Osons causer » qui, jusqu’à peu décryptait les
différentes faces des politiques macronistes, est désormais réduite à
répercuter les ordres gouvernementaux : « Restez chez vous ! ». Si nous
voulons prendre des leçons de civisme, nous n’avons pas besoin
d’ « Osons causer », nous avons déjà TF1 pour traiter quelques doux
promeneurs de « délinquants des parcs ». Le philosophe Vladimir
Jankelevitch écrivait : « Je serai toujours le gardien de tes droits et
jamais le flic de tes devoirs ». Si « Osons causer » renonce à sa
mission d’éducation populaire, la preuve est apportée que le test en
grandeur nature de soumission des médias (y compris ceux censés
critiquer l’ordre de la domination) fonctionne !
S’il est si dur pour des médias, quels qu’ils soient,
d’échapper à ces logiques manipulatrices, s’ils épousent si facilement
la logique du pouvoir, c’est que les conditions de fabrication de
l’information les ont déjà rendus structurellement perméables à cette
logique.
Et déjà, la place prise par les chaînes d’info en
continu, avec sa conséquence : la course à l’information en « temps
réel ». Temps réel ? Allons bon… Cela supposerait qu’existe un temps
« irréel » ? Ne serait-ce pas justement ce temps qu’on nous vend pour du
« réel » qui, en évacuant l’histoire et les processus d’émergence des
phénomènes, constitue l’« irréel », un temps qui n’a pas de sens ? Dans
ce monde-là, il faut occuper l’antenne et meubler les flux en
permanence. Donc trouver du nouveau au fil des jours, au fil des heures…
Heureusement, ce qu’il y a de nouveau, presque en permanence, ce sont
les chiffres. Alors… bingo sur ces chiffres qui montent, qui viennent
s’aligner de manière vertigineuse sur les écrans ! Chaque jour apporte
son lot de « nouveau record », de « chiffre jamais atteint »… Puisqu’il
s’agit d’une « pandémie » en plein essor, la probabilité que le nombre
de nouveaux cas détectés ou de nouveaux décès à l’hôpital en 24 heures
soit inférieur à celui de la veille est sans doute inférieure à 1 %,
non ? Donc balancer cette info, ce n’est pas vraiment un scoop, on est
d’accord ? Il y a d’ailleurs fort à parier que le journaliste qui l’a
annoncée en martelant chaque mot sur un ton affolé, quand il rentre chez
lui et retrouve son conjoint, il ne lui dit pas : « Tu sais, c’est
incroyable : le chiffre a encore progressé ! ». Oui : il est probable
que, dans sa vie privée, il reste quelqu’un d’à peu près censé. Mais
quand il passe à l’antenne, il devient cet imbécile qui nous fait
prendre des vessies pour des lanternes.
C’est que, sur les ondes, il faut sacrifier aux rites
de la dramatisation. Pour « vendre » et faire du « buzz », il faut
maintenir le « suspense », « feuilletonner » l’information, avec, si
possible, un bon « casting » et de « bons clients ». Autant de termes
venus des mondes de la fiction et du commerce et qui se sont
progressivement imposés dans les rédactions. C’est ainsi que se
construit et se reconstruit le thème de la « vague » épidémique qui va
déferler (sans qu’on ne sache jamais pourquoi le « pic » est attendu à
tel moment). Avec sa conséquence inéluctable, en gros titre à la « une »
de l’Est Républicain du 23 mars : « Vers un inévitable durcissement du
confinement » (quatre semaines plus tôt, de nombreux médias titraient
sur le « recours inévitable au 49.3 » à propos de la réforme des
retraites !). Prophétie auto-réalisatrice dans laquelle les médias
oublient – ou feignent d’oublier – le rôle qu’ils jouent eux-mêmes.
Autre facteur structurant : la place prise dans les
médias par un ballet d’experts où se succèdent hypothèses hâtives et
contradictoires (sur les tests, le port de masques, l’efficacité du
traitement par la chloroquine…), sans que les faux pronostics ne soient
ensuite rectifiés et sans que l’on précise que « médecin » n’est pas un
titre suffisant pour se qualifier d’expert en matière de COVID-19. Mais
avec cette certitude auto-proclamée : les fake news, c’est l’affaire des
réseaux sociaux ; l’information sérieuse et vérifiée, celle des médias
main stream.
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