Sortie de Médiacritiques n°34 : Réforme des retraites, violences médiatiques
Le n°34 de Médiacritiques,
la revue trimestrielle d’Acrimed, va sortir de l’imprimerie. Un numéro
sur la réforme des retraites, et les violences médiatiques infligées aux
grévistes, avec des articles et des rubriques, des dessins de Colloghan
et la Une de Faujour ! À commander sur notre boutique en ligne ou à retrouver en librairie. Et surtout, si ce n’est pas déjà fait, abonnez-vous !
« Les cheminots et les agents de la RATP rançonnent la France pour la pressurer davantage », s’alarmait Franz-Olivier Giesbert dans le Figaro du
4 décembre… 1995. Vingt-quatre ans plus tard, alors que la grève fait
rage contre le projet de réforme des retraites, l’orthodoxie médiatique
n’a pas bougé d’un iota. Et l’on dirait même plus : les contre-réformes
menées au cours des vingt dernières années ont été autant d’occasions,
pour les tenants du système médiatique, d’affûter leurs harangues sur
tous les tons et tous les canaux.
Ainsi,
depuis le 5 décembre, éditorialistes, rédacteurs en chef et autres
éminences médiatiques s’engagent à corps perdu pour défendre ce que
l’économiste Élie Cohen dépeint comme « la mère de toutes les réformes, celle qui devait concilier justice sociale, lisibilité et prévisibilité ».
(29 nov.) Le (petit) périmètre du débat est balisé : la réforme est
inéluctable, d’ailleurs elle est excellente (p. 3) ; les « galères »
d’usagers écrasent la couverture des grèves (p. 41), en particulier dans
les JT devenus, au choix, succursales de Bison futé, ou cellules de
crise pour entreprises en péril (p. 13) ; les violences médiatiques se
multiplient à l’encontre des grévistes en général, et de la CGT en
particulier. Si les chaînes d’information en continu se mobilisent (p.
25), les radios privées sont en tête de cortège (p. 31) ; la grande
presse, quant à elle, veille au bon déroulé du « dialogue social », et
prodigue au prince divers conseils pour que cessent les « blocages » (p.
21), les yeux rivés sur les sondages et « l’essoufflement » tant
attendu ! Et qu’importe si les oracles de comptoir sont contredits d’une
heure sur l’autre : proportionnelle au niveau d’indigence, l’immunité
journalistique permet à la fleur de l’éditocratie de se maintenir en
poste (p. 19). De même, cet univers orwellien autorise la libre
circulation des mantras les plus mensongers – « les femmes seront les
grandes gagnantes », par exemple – au mépris de toute contradiction
sérieuse (p. 38).
Obsédé
par la « sortie de crise », le journalisme de commentaire voudrait
baliser les termes du conflit, agitant certains enjeux comme le retrait
de l’âge pivot (dont dépendrait le « dénouement » final) ou la
suppression des « régimes spéciaux », jugée légitime et nécessaire (p.
17). Calqués sur l’agenda gouvernemental, ces choix éditoriaux dénotent
un suivisme zélé de la part des grands médias qui, dans le cas de France
2, confine à la propagande (p. 9). Mais ils constituent surtout des
déformations en chaîne des réalités sociales : les médias sont plus
occupés à faire rentrer la mobilisation dans des cases préétablies qu’à
la donner à voir dans sa diversité. Ainsi la vie des grévistes et les
multiples actions – rivalisant de créativité – qu’ils entreprennent
échappent-elles presque intégralement aux radars médiatiques.
C’est
bien là la moindre des règles du journalisme dominant : hors des
chemins balisés, point de salut ! D’un revers de main, les propositions
visant à améliorer le système de retraites actuel sont écartées au
prétexte qu’aucune ne serait « réaliste ». Idem pour les actions jugées
« illégitimes » ou les démarches syndicales refusant le jeu en
trompe-l’oeil de la « concertation ». Au cours de leurs
interviews-interrogatoires, les chiens de garde ne cessent de rappeler
aux opposants ce périmètre étriqué de la contestation légitime et
bienséante.
Bref : cette séquence révèle une nouvelle fois le rôle politique des grands médias en temps de crise. Par leurs partis pris systématiques et leur traitement amputé de l'information, ils se font les promoteurs de la démobilisation sociale et gardiens de l'ordre dominants. Et posent, à ce titre, un problème démocratique majeur.
Bref : cette séquence révèle une nouvelle fois le rôle politique des grands médias en temps de crise. Par leurs partis pris systématiques et leur traitement amputé de l'information, ils se font les promoteurs de la démobilisation sociale et gardiens de l'ordre dominants. Et posent, à ce titre, un problème démocratique majeur.
Ce numéro ne sera pas plus diffusé en kiosques que les précédents. Vous pourrez cependant le trouver dans quelques rares – mais d’autant plus précieuses – librairies.
Les librairies de Lyon où trouver Médiacritiques :
Le Bal des Ardents
17 rue Neuve 69001 Lyon
La Gryffe
5 rue Sébastien-Gryfe 69007 Lyon
Terre des Livres
86 rue de Marseille 69007 Lyon
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